526 SÉMIRAMIS.
Ils peuvent murmurer^ mais c’est dans la poussière. Les dieux, dit-on, sur elle ont étendu leur bras ; J’ignore son offense, et je ne pense pas. Si le ciel a parlé, seigneur, qu’il vous choisisse Pour annoncer son ordre, et servir sa justice. Elle règne, en un mot. Et vous qui gouvernez, Vous prenez à ses pieds les lois que vous donnez ; Je ne connais ici que son pouvoir suprême Ma gloire est d’obéir ; obéissez de même.
SCENE IV.
ASSUR, CÉDAR.
ASSUR.
Obéir ! ah ! ce mot fait trop rougir mon front ; J’en ai trop dévoré l’insupportable affront. Parle, as-tu réussi ? Ces semences de haine. Que nos soins en secret cultivaient avec peine. Pourront-elles porter, au gré de ma fureur. Les fruits que j’en attends de discorde et d’horreur ?
CÉDAR.
J’ose espérer beaucoup. Le peuple enfin commence
A sortir du respect, et de ce long silence
Où le nom, les exploits, l’art de SémiramiS}
Ont enchaîné les cœurs étonnés et soumis.
On veut un successeur au trône d’Assyrie ;
Et quiconque, seigneur, aime encor la patrie.
Ou qui, gagné par moi, se vante de l’aimer,
Dit qu’il nous faut un maître, et qu’il faut vous nommer.
ASSUR,
Chagrins toujours cuisants ! honte toujours nouvelle !
Quoi ! ma gloire, mon rang, mon destin dépend d’elle !
Quoi ! j’aurais fait mourir et Ninus et son fils.
Pour ramper le premier devant Sémiramis !
Pour languir, dans l’éclat d’une illustre disgrâce.
Près du trône du monde, à la seconde place !
La reine se bornait à la mort d’un époux ;
Mais j’étendis plus loin ma fureur et mes coups :
Ninias, en secret privé de la lumière.
Du trône où j’aspirais m’entrouvrait la barrière.