ACTE III, SCÈNE VI. 543
SÉMIRAMIS, avançant sor la scène, et s’adressant aaz mages.
Vous, qui sanctifiez de si pures tendresses, Venez sur les autels garantir nos promesses ; Ninus et Ninias vous sont rendus en lui.
(Le tonnerre gronde, et le tombeau paraît s’ébranler.)
Ciel ! qu’est-ce que j’entends ?
OROÈS.
Dieux ! soyez notre appui.
SÉMIRAMIS.
Le ciel tonne sur nous : est-ce faveur ou haine ? Grâce, dieux tout-puissants ! qu’Arzace me l’obtienne. Quels funèbres accents redoublent mes terreurs ! La tombe s’est ouverte : il paraît... Ciel ! je meurs...
(L’ombre de Ninus sort de son tombeau >.) ASSUR.
L’ombre de Ninus même ! ô dieux ! est-il possible ?
ARZACE.
Eh bien ! qu’ordonnes-tu ? parle-nous, dieu terrible !
ASSUR.
Parle.
SÉMIRAMIS.
Veux-tu me perdre ? ou veux-tu pardonner ? C’est ton sceptre et ton lit que je viens de donner ; Juge si ce héros est digne de ta place. Prononce ; j’y consens.
l’ombre, à Arzace.
Tu régneras, Arzace ; Mais il est des forfaits que tu dois expier. Dans ma tombe, à ma cendre il faut sacrifier. Sers et mon fils et moi ; souviens-toi de ton père : Écoute le pontife.
ARZACE.
Ombre que je révère, Demi-dieu dont l’esprit anime ces climats, Ton aspect m’encourage et ne m’étonne pas.
1. À ce moment, on faisait la nuit sur le théâtre, les éclaips brillaient, et Tombre blanche de Ninus apparaissait enveloppée d’une gaze noire. — Voltaire réclamait, à la reprise de SémiramiSy « uae grande diable de porte qui se brise et une trappe qui fasse sortir TOmbre du fond des abîmes ». — «Notre ami Legrand {VOinbrê), ajoutait-il, avait trop Pair du portier du mausolée. Ce coquin-là sera-Ml toujours gras comme un moine ? »