ACTE CINQUIÈME.
SCÈNE I.
SÉMIRAMIS, OTANE.
OTANE.
Songez qu’un dieu propice a voulu prévenir
Cet effroyable hymen, dont je vous vois frémir.
La nature étonnée à ce danger funeste,
En vous rendant un fils, vous arrache à l’inceste.
Des oracles d’Ammon les ordres absolus,
Les infernales voix, les mânes de Ninus,
Vous disaient que le jour d’un nouvel hyménée
Finirait les horreurs de votre destinée ;
Mais ils ne disaient pas qu’il dût être accompli.
L’hymen s’est préparé, votre sort est rempli ;
Ninias vous révère. Un secret sacrifice
Va contenter des dieux la facile justice :
Ce jour si redouté fera votre bonheur.
SÉMIRAMIS.
Ah ! le bonheur, Otane, est-il fait pour mon cœur ?
Mon fils s’est attendri ; je me flatte, j’espère
Qu’en ces premiers moments la douleur d’une mère
Parle plus hautement à ses sens oppressés
Que le sang de Ninus, et mes crimes passés.
Mais peut-être bientôt, moins tendre et plus sévère.
Il ne se souviendra que du meurtre d’un père.
OTANE.
Que craignez-vous d’un fils ? Quel noir pressentiment !
SÉMIRAMIS.
La crainte suit le crime, et c’est son châtiment.