Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/603

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Comme de la maison je vois ici deux maîtres,
L’un des deux pourrait bien sortir par les fenêtres.
On ne me connaît pas ; gardons-nous d’éclater.

Le Marquis.

Quelqu’un parle, je crois.

M. Duru.

Quelqu’un parle, je crois.Je n’en saurais douter.
Volets fermés, au lit, rendez-vous, porte close ;
La suivante à mon nez complice de la chose !

Le Marquis.

Quel est cet homme-là qui jure entre ses dents ?

M. Duru.

Mon fait est net et clair.

Le Marquis.

Mon fait est net et clair.Il paraît hors de sens.

M. Duru.

J’aurais mieux fait, ma foi, de rester à Surate
Avec tout mon argent. Ah traître ! ah scélérate !

Le Marquis.

Qu’avez-vous donc, monsieur, qui parlez seul ainsi ?

M. Duru.

Mais j’étais étonné que vous fussiez ici.

Le Marquis.

Et pourquoi, mon ami ?

M. Duru.

Et pourquoi, mon ami ?Monsieur Duru, peut-être,
Ne ferait pas content de vous y voir paraître.

Le Marquis.

Lui mécontent de moi ? Qui vous a dit cela ?

M. Duru.

Des gens bien informés. Ce monsieur Duru-là,
Chez qui vous avez pris des façons si commodes,
Le connaissez-vous ?

Le Marquis.

Le connaissez-vous ?Non : il est aux Antipodes,
Dans les Indes, je crois, cousu d’or et d’argent.

M. Duru.

Mais vous connaissez fort madame ?

Le Marquis.

Mais vous connaissez fort Madame ?Apparemment :
Sa bonté m’est toujours précieuse et nouvelle,
Et je fais mon bonheur de vivre ici près d’elle.