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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome04.djvu/86

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82 VARIANTES DE ZULIME.

SitRAME.

Ah I que je crains, madame, un plus funeste trouble t Vous nourrissez ici d’impuissantes douleurs : Sans doute on vous attaque ; entendez ces clameurs ; Ce bruit confus, affreux...

ZULIME.

Je n’entends point Ramire » Peut-être on le poursuit, peut-être qu’il expire ! Il faut mourir pour lui, puisqu’il veut mon trépas. Allons... Quoi ! Ton m’arrête ! Ah ! barbares soldats, Laissez-moi dans o& rangs me frayer un passage ; Respectez ma douleur, respectez mon courage, Ou terminez des jours que je dois détester !

SCÈNE V.

ZULIME, MOHADIR, SÉRAME, soldats.

ZCLIME.

  • Mohadir !... est-ce vous qui m’osez arrêter ?

Vous !...

MOHADIR.

Recevez, madame, un ordre salutaire D’un père encor sensible à travers sa colère : Il prend soin de vos jours, il épargne à vos yeux D’un combat effrayant le spectacle odieux.

ZDLIMB.

On combat ! mon amant s’arme contre mon père !

MOHADIR.

C’est le funeste fruit d’un amour téméraire.

ZULIME.

Laissez-moi l’expier, s’il en est encor temps ; Laissez-moi me jeter entre les combattants : Après tous mes forfaits, que je prévienne un crime I Je vais les séparer, ou tomber leur victime. Tu dédaignes mes pleurs, et je vois tout mon sort Je suis ta prisonnière, et mon amant est mort !

MOHADIR.

11 vit, et j’avouerai que son cœur magnanime

  • Semblait justifier les fautes de Zulime.
  • Madame, je l’ai vu, maître de son courroux,
  • Respecter votre père, en détourner ses coups.
  • Je l’ai vu des siens même arrêter la vengeance.

Et dédaigner le soin de sa propre défense. Enfin, pressé par nous, Ramire allait périr :

’ Croi riez-vous quelle main vient de le secourir ! Alide, AliJe même, au milieu du carnage,

  • D’un pas déterminé, d’un œil plein de courage,

S*élançait dans la foule, étonnait l^s soldats : Sa voix et son audace ont arrêté leurs bras. Elle seule, en un mot, vient de sauver Ramire : Il la suit vers la rive : il marche, il se retire.