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PRÉFACE GÉNÉRALE

Beuchot, mettent chaque œuvre en plein relief, lui donnent son vrai sens, font ressortir sa véritable portée, relèvent enfin toutes les circonstances que le lecteur peut avoir intérêt à connaître. À la fin du tome VII nous avons reproduit en appendice le texte de cette variante de l’Échange qu’on a représentée à l’Odéon en 1862 sous le titre du Comte de Boursoufle, et qu’on donna alors pour une comédie inédite de Voltaire. Le lecteur est, de la sorte, à même de vérifier, par la comparaison avec l’Échange, qui est dans le deuxième volume du théâtre, ce qu’il y avait de réellement inédit dans cette comédie.

Le reste des poésies comprend trois autres volumes jusqu’au tome X. Nous disons, dans l’Introduction au théâtre de Voltaire, pourquoi nous commençons par rassembler dans les dix premiers volumes les œuvres dramatiques et poétiques. Le tome VIII contient la Henriade, le Poëme de Fontenoy, le Temple du Goût, les Odes et les Stances. C’est la partie la plus élevée et la plus pure de l’œuvre poétique de Voltaire. Le tome IX en offre la partie libre et gauloise : la Pucelle d’Orléans, les Petits Poèmes et les Premiers Contes en vers ; et le tome X, la suite des Contes, les Satires, Épîtres, Poésies mêlées. Dans chacun de ces genres, Voltaire est maître, il a laissé des chefs-d’œuvre. C’est le domaine de la poésie légère, enjouée, piquante et mordante, où il règne sans rival. Tout Voltaire poëte est dans ces neuf volumes et dans le Supplément que renferme le tome XXXII, et dont nous parlerons tout à l’heure.

Après le théâtre et les poésies, nous plaçons les grandes œuvres historiques : nous commençons par les œuvres les plus générales ou, si l’on veut, plus européennes : l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations, les Annales de l’Empire ; nous continuons par celles consacrées à l’histoire de France : le Siècle de Louis XIV, le Précis du Siècle de Louis XV, l’Histoire du Parlement de Paris ; nous terminons par celles qui concernent les peuples étrangers, l’Histoire de Charles XII et l’Histoire de l’empire de Russie sous Pierre Ier. Cela forme une série de six volumes : tomes XI à XVI. L’ordre chronologique ne pouvait être la règle absolue dans la publication de ces grands ouvrages, qu’on ne lit pas à la suite les uns des autres, mais qu’on prend chacun isolément. Voltaire d’ailleurs les commença presque tous dans sa jeunesse, et ne cessa d’y travailler jusque dans ses dernières années.

Après Voltaire dramaturge, poëte, historien, voici Voltaire philosophe. Le Dictionnaire philosophique remplit les tomes XVII à XX. Le Dictionnaire philosophique est comme un arsenal où ont été rassemblés tous les arguments des adversaires du christianisme au xviiie siècle. Ils ont l’avantage d’y être présentés par la plume vive et animée de Voltaire. On comprend, en lisant ce recueil, l’action énorme qu’il a eue ; il vous captive comme une conversation piquante, instructive, passionnée. Toute la puissance de séduction de l’auteur s’y déploie avec un art et une habileté infinis. Quoique l’ouvrage soit évidemment dirigé tout entier vers un seul but, Voltaire n’a garde de fatiguer l’attention par une polémique incessante ; il soutient, retient, divertit et ramène le lecteur par les plus charmants artifices, par des