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DOCUMENTS BIOGRAPHIQUES.


XXXI.


VERS DE M. DE FORMONT

à madame du châtelet,

SUR LE MONDAIN DE M. DE VOLTAIRE[1].

1735.

En traits hébreux Huet sur sa pancarte
Du vieux Éden a dessiné la carte,
En traits français un aimable mondain
Peint aujourd’hui le véritable Éden.
Si par hasard, le cœur plein de la grâce,
Quelque dévot, de ce portrait épris,
Me demandait : « Mettez-moi sur la trace
Qui fait trouver ce gentil paradis, »
Je lui dirais : « Marchez droit à Paris ;
Mais pour bien faire allez jusqu’en Champagne :
C’est là, mon fils, qu’au sein des doux loisirs,
La raison pure et la paix sa compagne
Depuis un temps retiennent les plaisirs.
Cette raison, en ses leçons facile,
Avec nos sens n’est jamais en procès,
À tous les goûts dans cet heureux asile
Elle procure un favorable accès ;
En quatre mots, voici son évangile :
Je permets tout, j’interdis tout excès.
Ô vous, d’Éden charmante souveraine.
Vous qu’à son char cette déesse entraîne.
Suivez ses lois avec un cœur soumis ;
Songez-y bien, tout plaisir est permis.


XXXII.


L’ABBÉ LEBLANC AU PRÉSIDENT BOUHIER[2].

Juin 1736.

Disons deux mots de Voltaire : il vient de gagner un procès aux consuls contre son nouveau libraire ; il a eu la hardiesse d’aller lui-même plaider sa

  1. Voyez, tome X, page 506, la réponse à ces vers au nom de Mme  du Châtelet.
  2. Archives de la Bastille, tome XII, page 187.