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PRÉFACE GÉNÉRALE.

J’ai parlé d’assurance dans mon travail : qu’on ne pense pas que cette assurance soit de la présomption. J’avouerai que je crois avoir fait beaucoup ; mais qu’il y a loin de là à tout ce qu’il y avait à faire pour une bonne édition de Voltaire ! Personne ne sent plus que moi mon insuffisance pour une si forte tâche. « C’en est une terrible, disait Voltaire[1], que d’être obligé d’avoir toujours raison dans quatorze tomes » ; et c’est dans soixante-dix qu’il me faudrait l’avoir eue. La bienveillance avec laquelle tant de personnes que je respecte ont accueilli mon travail ne m’aveugle pas. Je dois avoir failli très-fréquemment ; et, comme le disait Bayle[2], « je ne doute point qu’outre mes péchés d’omission, qui sont infinis, il ne m’en soit échappé un très-grand nombre de commission ».

Malgré les mesures et précautions prises, il a été impossible d’achever l’édition en trois ans, comme le promettait le prospectus. L’impression aura duré cinq ans et demi ; c’est encore plus d’un volume par mois. Un hiver rigoureux a forcé de suspendre les travaux de papeterie et d’imprimerie pendant près de deux mois. Une grande commotion politique est survenue, qui a ralenti les opérations commerciales ; il a fallu le courage de M. Lefèvre pour mener à fin une lourde entreprise, que tout autre libraire que lui aurait, sinon abandonnée, du moins ajournée. Ces retardements ont profité à l’édition ; ils m’ont donné le temps de me procurer des renseignements difficiles à obtenir.

Paris, 10 juin 1834, centenaire de la condamnation
des Lettres philosophiques.

P. S. Je m’aperçois que j’ai déjà dit[3] que le 10 avril était le centenaire de la condamnation des Lettres philosophiques ; c’est une faute que, suivant les principes de Bayle et de Gryphe, je relève à la plus belle place.



FIN DE LA PRÉFACE GÉNÉRALE DE BEUCHOT.


  1. Lettre à Schouvalow, du 13 auguste 1762.
  2. Paragraphe iv de la préface de la première édition de son Dictionnaire historique et critique.
  3. Voyez tome XXXI, page 2.