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JUGEMENTS SUR VOLTAIRE.

Enfin, du premier moment qu’il commença sa course, cet astre fut toujours sur l’horizon. La plume infatigable de Voltaire, et sa haine indéfectible contre la religion chrétienne, ne se reposèrent pas un instant. Il occupe à lui seul, pendant soixante ans, toutes les trompettes de la Renommée.

Ce fut donc à juste titre que la Révolution, à sa naissance, salua Voltaire comme son chef...

En vain les partisans de Voltaire lui font honneur de ses prédications éternelles de bienfaisance et de tolérance. Il a prêché la bienfaisance la haine dans le cœur, et son amour pour le genre humain, dont il a toujours excepté la religion chrétienne, ses disciples et ses ministres, a justifié les plus horribles persécutions... Il a fait les malheurs de l’Europe en égarant la France, la tête de ce grand corps. Il a fait les malheurs de la France, en y faisant germer, avec sa philosophie, le mépris et la moquerie des choses graves, et l’estime des choses frivoles. Sa gloire passera... L’homme a été reconnu, ses passions, son orgueil, sa malignité... Son empire est détruit, et né avec son siècle, il passera avec lui. (Mélanges littéraires.)

Voltaire, le plus puissant rénovateur des esprits depuis Luther, et l’homme qui a mis le plus en commun les idées de l’Europe par sa gloire, sa longue vie, son merveilleux esprit et son universelle clarté.

... Mais combien ces entraves du pouvoir, ces résistances du préjugé, ne devaient-elles pas irriter le bon sens hardi et le génie moqueur de Voltaire ! Quelle tentation pour lui de secouer à la fois tous les liens qui le garrottent, et de confondre, dans son impatience, le sentiment religieux et le joug ecclésiastique ! Obligé de tout invoquer à son aide, jusqu’aux vices de son temps, n’a-t-il pas quelquefois flatté la corruption pour dominer les esprits et propager sa philosophie par sa morale ? Préoccupé d’une lutte contemporaine, n’a-t-il pas porté les passions et l’esprit railleur dans l’histoire des vieux temps ? Ami sincère de l’humanité, de la justice et de tout ce qui embellit la vie, n’a-t-il pas miné la société par un scepticisme épicurien qui vaut encore moins pour la liberté que pour le pouvoir ? Cette grande gloire est bien mêlée ; cette statue d’or a des pieds d’argile, et cependant.... la puissance de Voltaire sur l’esprit humain ne peut être méconnue. (Cours de littérature.)

Malgré leur utilité passagère, les services négatifs de ces hommes (Luther, Calvin, Rousseau, Voltaire, etc.) exigent trop peu de valeur intellectuelle, et supposent de trop vicieuses dispositions morales pour admettre la consécration personnelle.

Je n’attendis jamais que des entraves, spontanées ou concertées, chez les débris arriérés des sectes superficielles immorales émanées de Voltaire et de Rousseau.