Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome1.djvu/563

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
489
DE VOLTAIRE.

Lors de l’exhumation de Voltaire, on trouva un cadavre décharné, desséché, mais entier, et dont toutes les parties étaient jointes[1]. On l’enleva de la fosse avec beaucoup de précaution, et il ne se détacha que le calcanéum, qu’une personne emporta. Le corps fut exposé pendant deux jours aux regards du public, dans l’église de Romilly, puis renfermé dans un sarcophage placé quelque temps dans la sacristie, ensuite déposé dans le chœur, sous une tente, jusqu’au jour de la translation.

Voilà l’exacte vérité, et tout ce qui est à ma connaissance.


XXXIV.


LETTRE
ADRESSÉE PAR LES ARTISTES DU CI-DEVANT THÉÂTRE-FRANÇAIS
au ministère de l’intérieur, le 3 messidor an IV[2].


Citoyen ministre, vous demandez que les artistes du ci-devant Théâtre-Français vous produisent leurs titres à la propriété de la statue de Voltaire, qui est dans le vestibule de la salle du faubourg Germain.

Ce titre est aussi simple qu’il est décisif : elle nous a été donnée par la citoyenne Duvivier, à qui elle appartenait. La citoyenne Duvivier, nièce et héritière de Voltaire, avait fait exécuter cette statue dans l’intention de la donner à l’Académie française. Ayant appris qu’elle avait changé de dessein, nous conçûmes aussitôt, avec le plus vif désir de posséder ce précieux monument, l’espérance fondée de l’obtenir.

En conséquence, nous arrêtâmes d’écrire à la citoyenne Duvivier une lettre qui lui fut adressée le 26 septembre 1780 ; elle y répondit à l’instant par sa lettre du même jour, dont les termes ne laissent rien à désirer.

Les artistes du Théâtre-Français, après avoir exprimé à la citoyenne Duvivier tous les sentiments dont leurs cœurs étaient pénétrés, et lui avoir exposé les titres qu’ils croyaient avoir pour mériter son bienfait, terminaient en rappelant ce que Voltaire leur avait dit lorsqu’il vint les remercier des efforts qu’ils avaient faits pour obtenir son retour dans la capitale : « Mes enfants, je veux vivre et mourir au milieu de vous ! » Cette adoption glorieuse, ajoutions-nous, c’est à vous, madame, à la confirmer par un don qui ne peut et ne doit être fait qu’à ses enfants.

  1. Ces circonstances m’ont été confirmées, en 1831, par M. Charron, qui présidait à l’inhumation, et qui est mort on 1832. (B.)
  2. Musée de la Comédie française, par René Delorme, Paris, P. Ollendorf, éditeur, 1878. Page 9.