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DE VOLTAIRE.
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Nous, Claude-Étienne Delvincourt, adjoint au maire du douzième arrondissement de la ville de Paris, doyen de la faculté de droit, membre de la Légion d’honneur, chevalier de l’ordre de Saint-Michel, etc. ;

Et Henri-Nicolas Marrigue, commissaire de police de ladite ville de Paris, quartier Saint-Jacques, officier de police judiciaire, auxiliaire de monsieur le procureur du roi, nous sommes transportés en la nouvelle église Sainte-Geneviève, où étant, nous avons trouvé le sieur Louis-Pierre Baltard, architecte de ladite église, auquel monsieur le directeur des travaux de Paris avait donné avis de notre transport, et le sieur Pierre-Jean-Ambroise Boucault, inspecteur des travaux de la nouvelle église de Sainte-Geneviève, François-Marie Jay, inspecteur adjoint, et Jacques Étienne, gardien des souterrains, lequel nous a conduits de suite dans la chapelle souterraine de l’église, et dont la porte d’entrée se trouve placée en face des bâtiments du collége de Henri IV.

Là, ledit sieur Baltard nous a représenté deux sarcophages en menuiserie, que nous avons reconnus pour être ceux de Voltaire et de J.-J. Rousseau, par les emblèmes, bas-reliefs et inscriptions qui les décorent, et dont plusieurs sont dégradés par le temps.

Ayant invité le chef ouvrier qui accompagnait ledit sieur Baltard à procéder à l’enlèvement du sarcophage de Voltaire, qui était posé du côté du midi, et ayant sa statue en marbre blanc placée en face dans une niche, il a fait renverser ce sarcophage sur le côté, et on a retiré de dedans une caisse en chêne, longue d’un mètre quatre-vingt-douze centimètres, large de cinquante-six centimètres, fermée par deux plates-bandes en fer, formant équerre, et rattachant le dessus aux deux côtés, ainsi que par dix-sept forts clous, les extrémités des côtés de ladite caisse assemblées à queue d’aronde.

Le sieur Étienne, gardien, nous a dit que cette caisse renferme les ossements de Voltaire.

En conséquence, nous avons reconnu qu’il était impossible, en raison de la dimension, de faire transporter ce sarcophage au travers des galeries souterraines ; nous l’avons fait démonter avec soin, et l’avons fait transporter par parties dans la salle voûtée qui se trouve à l’extrémité de la principale galerie souterraine. Là, nous l’avons fait remonter, et poser de suite dans le caveau à gauche pratiqué dans la salle, et avons fait replacer dessous, sans qu’elle ait été ouverte, la caisse qui a été reconnue pour contenir les ossements de Voltaire.

Cette première opération terminée, nous sommes entrés dans la chapelle souterraine, et avons fait procéder à l’ouverture du sarcophage de J.-J. Rousseau, qui était placé au côté nord de ladite chapelle, par un ouvrier du sieur Meulen, serrurier, demeurant enclos du Panthéon, la clef de ce sarcophage n’ayant point été remise entre nos mains. Son ouverture ayant été faite, on a retiré de l’intérieur une caisse en plomb, ayant sur sa surface une inscription en lettres moulées, gravées dans l’épaisseur du plomb, laquelle est ainsi conçue : Hic jacent ossa Joannis-Jacobi Rousseau, 1778 ; ladite caisse, longue d’un mètre soixante-dix-neuf centimètres, large de cinquante-trois centimètres, haute de trente-six centimètres, et ayant deux forts anneaux mobiles en fer à ses deux extrémités.