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HISTOIRE POSTHUME

Qui donc avait raison ? Le ministre ou le public ? Si c’était le public, comment expliquer la réponse très-affirmative du ministre ? Était-ce mensonge ou ignorance ?

Si c’était le ministre, jusqu’à quel jour sa déclaration reste-t-elle vraie ? Cette réponse faite une fois pour toutes, mit-on bien vite à profit la sécurité qu’elle put inspirer au parti libéral pour faire secrètement, et en toute quiétude, la translation ?

Quoi qu’il en soit, les sarcophages sont restés au même emplacement[1]. Mais où sont les ossements qu’ils ont contenus ? À la gare de Bercy ? Au cimetière du Père-Lachaise[2] ? C’est ce qu’on ne saurait dire.


XXXIX.


LE CENTENAIRE DE VOLTAIRE.
31 mai 1878.


De bonne heure, la salle de la Gaîté était aussi remplie qu’elle peut l’être : les lettres, l’art, la science, la politique, la presse, y étaient représentés.

Il serait trop long de citer les célébrités que la journée a réunis. Bien entendu, le parti républicain militant des Chambres et du journalisme était là au grand complet. Mais, en même temps, des savants comme Robin, Broca, Wurtz, des historiens comme Renan, des auteurs dramatiques comme Émile Augier, des poëtes comme Leconte de Lisle, des critiques comme Paul de Saint-Victor, avaient voulu prendre part à cette fête de la pensée française.

La scène avait été disposée pour recevoir le bureau, les orateurs et un assez grand nombre d’invités. Aux deux côtés étaient groupés en faisceaux tricolores les drapeaux de cette France moderne que l’auteur du Dictionnaire philosophique a tant contribué à former.

Voltaire était là, véritablement vivant, sur un piédestal couvert de fleurs, et chargé de couronnes éclatantes. Il n’est personne qui ne connaisse l’admirable statue de Houdon, — peut-être le chef-d’œuvre de la sculpture moderne, — et qui a fourni le type populaire du masque de Voltaire. Houdon, comme étude préliminaire à cette œuvre incomparable, avait fait, d’après nature, un buste de l’immortel écrivain. Ce buste, en terre cuite, appartient à M. Louis Viardot, qui l’avait prêté pour la célébration du centenaire.

À une heure et demie ou deux heures moins le quart, l’entrée de Victor Hugo était saluée par des salves d’applaudissements à faire écrouler la salle. L’émotion de la foule entassée dans cette salle trop étroite avait de profonds

  1. En 1852, on a entouré l’un et l’autre de cloisons. La statue de Houdon est placée, comme autrefois, à côté du sarcophage de Voltaire.
  2. Il a été constaté, dit l’Intermédiaire, que les registres du Père-Lachaise ne mentionnent aucune translation des restes de Voltaire ou de Rousseau.