caché les espions du saint peuple : que le même Josué dévoua à la mort douze mille habitants de la ville de Haï ; qu’il immola au Seigneur trente et un rois du pays, tous soumis à l’anathème, et qui furent pendus. Nous n’avons rien de comparable à ces assassinats religieux dans nos derniers temps, si ce n’est peut-être la Saint-Barthélemy et les massacres d’Irlande.
Ce qu’il y a de triste, c’est que plusieurs personnes doutent que les Juifs aient trouvé six cent soixante et quinze mille brebis, et trente-deux mille filles pucelles dans le village d’un désert au milieu des rochers ; et que personne ne doute de la Saint-Barthélemy. Mais ne cessons de répéter combien les lumières de notre raison sont impuissantes pour nous éclairer sur les étranges événements de l’antiquité, et sur les raisons que Dieu, maître de la vie et de la mort, pouvait avoir de choisir le peuple juif pour exterminer le peuple cananéen.
Dans le chaos des superstitions populaires, qui auraient fait de presque tout le globe un vaste repaire de bêtes féroces, il y eut une institution salutaire qui empêcha une partie du genre humain de tomber dans un entier abrutissement ; ce fut celle des mystères et des expiations. Il était impossible qu’il ne se trouvât des esprits doux et sages parmi tant de fous cruels, et qu’il n’y eût des philosophes qui tâchassent de ramener les hommes à la raison et à la morale.
Ces sages se servirent de la superstition même pour en corriger les abus énormes, comme on emploie le cœur des vipères pour guérir de leurs morsures ; on mêla beaucoup de fables avec des vérités utiles, et les vérités se soutinrent par les fables.
On ne connaît plus les mystères de Zoroastre. On sait peu de chose de ceux d’Isis ; mais nous ne pouvons douter qu’ils n’annonçassent le grand système d’une vie future, car Celse dit à Origène, livre VIII : « Vous vous vantez de croire des peines éternelles ; et tous les ministres des mystères ne les annoncèrent-ils pas aux initiés ? »
L’unité de Dieu était le grand dogme de tous les mystères. Nous avons encore la prière des prêtresses d’Isis, conservée dans Apulée, et que j’ai citée en parlant des mystères égyptiens[1].
- ↑ Voyez paragraphe xxiii.