disposa son mari à recevoir le baptême, comme Clotilde avait soumis Clovis. Le pape Grégoire le Grand envoya Augustin, que les Anglais nomment Austin, avec d’autres moines romains, en 598. Ils firent peu de conversions : car il faut au moins entendre la langue du pays pour en changer la religion ; mais, favorisés par la reine, ils bâtirent un monastère.
Ce fut proprement la reine qui convertit le petit royaume de
Cantorbéry, Ses sujets barbares, qui n’avaient point d’opinions,
suivirent aisément l’exemple de leurs souverains. Cet Augustin
n’eut pas de peine à se faire déclarer primat par Grégoire le
Grand : il eût voulu même l’être des Gaules ; mais Grégoire lui
écrivit qu’il ne pouvait lui donner de juridiction que sur l’Angleterre. Il fut donc premier archevêque de Cantorbéry, premier
primat de l’Angleterre. Il donna à l’un de ses moines le titre
d’évêque de Londres, à l’autre celui de Rochester. On ne peut
mieux comparer ces évêques qu’à ceux d’Antioche et de Babylone, qu’on appelle évêques in partibus infidelium. Mais avec le
temps, la hiérarchie d’Angleterre se forma. Les monastères surtout étaient très-riches au viiie et au ixe siècle. Ils mettaient au
catalogue des saints tous les grands seigneurs qui leur avaient
donné des terres ; d’où vient que l’on trouve parmi leurs saints
de ce temps-là sept rois, sept reines, huit princes, seize princesses. Leurs chroniques disent que dix rois et onze reines finirent leurs jours dans des cloîtres. Il est croyable que ces dix rois et ces onze reines se firent seulement revêtir à leur mort d’habits religieux, et peut-être porter, à leurs dernières maladies, dans des couvents, comme on en a usé en Espagne ; mais non pas
qu’en effet ils aient, en santé, renoncé aux affaires publiques
pour vivre en cénobites.
Coutumes singulières, épreuves.
Des comtes nommés par le roi rendaient sommairement la justice. Ils avaient leurs districts assignés. Ils devaient être instruits des lois, qui n’étaient ni si difficiles ni si nombreuses