sous Abdérame, vers l’an 734, subjuguèrent la moitié de la France, auraient-ils laissé subsister derrière les Pyrénées ce royaume des Asturies ? C’était beaucoup pour les chrétiens de pouvoir se réfugier dans ces montagnes et d’y vivre de leurs courses, en payant tribut aux mahométans. Ce ne fut que vers l’an 759 que les chrétiens commencèrent à tenir tête à leurs vainqueurs, affaiblis par les victoires de Charles Martel et par leurs divisions ; mais eux-mêmes, plus divisés entre eux que les mahométans, retombèrent bientôt sous le joug. (783) Mauregat, à qui il a plu aux historiens de donner le titre de roi, eut la permission de gouverner les Asturies et quelques terres voisines, en rendant hommage et en payant tribut. Il se soumit surtout à fournir cent belles filles tous les ans pour le sérail d’Abdérame. Ce fut longtemps la coutume des Arabes d’exiger de pareils tributs ; et aujourd’hui les caravanes, dans les présents qu’elles font aux Arabes du désert, offrent toujours des filles nubiles.
Cette coutume est immémoriale. Un des anciens livres juifs, nommé en grec Exode, rapporte qu’un Éléazar prit trente-deux mille pucelles dans le désert affreux du Madian. De ces trente-deux mille vierges on n’en sacrifia que trente-deux au dieu d’Éléazar : le reste fut abandonné aux prêtres et aux soldats pour peupler.
On donne pour successeur à ce Mauregat un diacre nommé Vérémond, chef de ces montagnards réfugiés, faisant le même hommage et payant le même nombre de filles qu’il était obligé de fournir souvent. Est-ce là un royaume, et sont-ce là des rois ?
Après la mort d’Abdérame, les émirs des provinces d’Espagne voulurent être indépendants. On a vu dans l’article de Charlemagne qu’un d’eux, nommé Ibna, eut l’imprudence d’appeler ce conquérant à son secours. S’il y avait eu alors un véritable royaume chrétien en Espagne, Charles n’eût-il pas protégé ce royaume par ses armes, plutôt que de se joindre à des mahométans ? Il prit cet émir sous sa protection, et se fit rendre hommage des terres qui sont entre l’Èbre et les Pyrénées, que les musulmans gardèrent. On voit, en 794, le Maure Abufar rendre hommage à Louis le Débonnaire, qui gouvernait l’Aquitaine sous son père avec le titre de roi.
Quelque temps après, les divisions augmentèrent chez les Maures d’Espagne. Le conseil de Louis le Débonnaire en profita ; ses troupes assiégèrent deux ans Barcelone, et Louis y entra en triomphe en 796. Voilà le commencement de la décadence des Maures. Ces vainqueurs n’étaient plus soutenus par les Africains