et de tous les empereurs de présider à toute la police de leurs États ; cependant il n’y a eu dans toute l’Europe catholique qu’un gentilhomme normand qui ait su se donner cette prérogative aux portes de Rome.
(1130) Le fils de ce comte Roger recueillit tout l’héritage de la maison normande ; il se fit couronner et sacrer roi de Sicile et de la Pouille, Naples, qui était alors une petite ville, n’était point encore à lui, et ne pouvait donner le nom au royaume : elle s’était toujours maintenue en république, sous un duc qui relevait des empereurs de Constantinople ; et ce duc avait jusqu’alors échappé, par des présents, à l’ambition de la famille conquérante.
Ce premier roi, Roger, fit hommage au saint-siège. Il y avait alors deux papes : l’un, le fils d’un Juif, nommé Léon, qui s’appelait Anaclet, et que saint Bernard appelle judaïcam sobolem, race hébraïque ; l’autre s’appelait Innocent II. Le roi Roger reconnut Anaclet, parce que l’empereur Lothaire II reconnaissait Innocent ; et ce fut à cet Anaclet qu’il rendit son vain hommage.
Les empereurs ne pouvaient regarder les conquérants normands que comme des usurpateurs : aussi saint Bernard, qui entrait dans toutes les affaires des papes et des rois, écrivait contre Roger, aussi bien que contre ce fils d’un Juif qui s’était fait élire pape à prix d’argent. « L’un, dit-il, a usurpé la chaire de saint Pierre, l’autre a usurpé la Sicile ; c’est à César à les punir. » Il était donc évident alors que la suzeraineté du pape sur ces deux provinces n’était qu’une usurpation.
Le roi Roger soutenait Anaclet, qui fut toujours reconnu dans Rome. Lothaire prend cette occasion pour enlever aux Normands leurs conquêtes. Il marche vers la Pouille avec le pape Innocent II. Il paraît bien que ces Normands avaient eu raison de ne pas vouloir dépendre des empereurs, et de mettre entre l’empire et Naples une barrière. Roger, à peine roi, fut sur le point de tout perdre. Il assiégeait Naples quand l’empereur s’avance contre lui : il perd des batailles ; il perd presque toutes ses provinces dans le continent. Innocent II l’excommunie et le poursuit. Saint Bernard était avec l’empereur et le pape : il voulut en vain ménager un accommodement. (1137) Roger, vaincu, se retire en Sicile. L’empereur meurt. Tout change alors. Le roi Roger et son fils reprennent leurs provinces. Le pape Innocent II, reconnu enfin dans Rome, ligué avec les princes à qui Lothaire avait donné ces provinces, ennemi implacable du roi, marche, comme Léon IX, à la tête d’une armée. Il est vaincu et pris comme lui (1139). Que peut-il faire alors ? Il fait comme ses prédécesseurs : il donne des