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HENRI II.

la Hongrie. Le pape Jean XVIII donne à Étienne de Hongrie le titre de roi et d’apôtre, avec le droit de faire porter la croix devant lui, comme les archevêques. D’autres historiens placent ce fait quelques années plus tôt, sous le pontificat de Silvestre II. La Hongrie est divisée en dix évêchés, beaucoup plus remplis alors d’idolâtres que de chrétiens.

L’archevêque de Milan presse Henri II de venir en Italie contre son roi Ardouin. Henri part pour l’Italie, il passe par la Bavière. Les états ou le parlement de Bavière y élisent un duc : Henri de Luxembourg, beau-frère de l’empereur, a tous les suffrages. Fait important qui montre que les droits des peuples étaient comptés pour quelque chose.

Henri, avant de passer les Alpes, laisse Cunégonde son épouse entre les mains de l’archevêque de Magdebourg. On prétend qu’il avait fait vœu de chasteté avec elle : vœu d’imbécillité dans un empereur.

À peine est-il vers Vérone que le césar Ardouin s’enfuit. On voit toujours des rois d’Italie quand les Allemands n’y sont pas ; et dès qu’ils y mettent les pieds, on n’en voit plus.

Henri est couronné à Pavie. On y conspire contre sa vie. Il étouffe la conspiration ; et après beaucoup de sang répandu, il pardonne.

Il ne va point à Rome, et, selon l’usage de ses prédécesseurs, il quitte l’Italie le plus tôt qu’il peut.

1006. C’est toujours le sort des princes allemands que des troubles les rappellent chez eux quand ils pourraient affermir en Italie leur domination. Il va défendre les Bohémiens contre les Polonais. Reçu dans Prague, il donne l’investiture du duché de Bohême à Jaromire. Il passe l’Oder, poursuit les Polonais jusque dans leur pays, et fait la paix avec eux.

Il bâtit Bamberg, et y fonde un évêché ; mais il donne au pape la seigneurie féodale : on dit qu’il se réserva seulement le droit d’habiter dans le château.

Il assemble un concile à Francfort-sur-le-Mein, uniquement à l’occasion de ce nouvel évêché de Bamberg, auquel s’opposait l’évêque de Vurtzbourg, comme à un démembrement de son évêché. L’empereur se prosterne devant les évêques. On discute les droits de Bamberg et de Vurtzbourg sans s’accorder.

1007. On commence à entendre parler des Prussiens, ou des Borussiens. C’étaient des barbares qui se nourrissaient de sang de cheval. Ils habitaient depuis peu des déserts entre la Pologne et la mer Baltique. On dit qu’ils adoraient des serpents. Ils pillaient