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ANNALES DE L’EMPIRE.

prédécesseur de Frédéric Barberousse n’avait eu aucune autorité ni à Rome, ni dans l’Italie ; et il était de l’intérêt de l’élu que les grands vassaux de l’empire romain joignissent leur suffrage aux voix des Allemands.

L’archevêque de Cologne le couronne à Aix-la-Chapelle, et tous les évêques l’avertissent qu’il n’a point l’empire par droit d’hérédité. L’avertissement était inutile ; le fils du dernier empereur, abandonné, en était une assez bonne preuve.

Son règne commence par l’action la plus imposante. Deux concurrents, Suenon et Canut, disputaient depuis longtemps le Danemark : Frédéric se fait arbitre ; il force Canut à céder ses droits. Suenon soumet le Danemark à l’empire dans la ville de Mersebourg. Il prête serment de fidélité, il est investi par l’épée. Ainsi, au milieu de tant de troubles, on voit des rois de Pologne, de Hongrie, de Danemark, au pied du trône impérial.

1153. Le marquisat d’Autriche est érigé en duché en faveur de Henri Jasamergott[1], qu’on ne connaît guère, et dont la postérité s’éteignit environ un siècle après.

Henri le Lion, ce duc de Saxe de la maison guelfe, obtient l’investiture de la Bavière, parce qu’il l’avait presque toute reconquise ; et il devient partisan de Frédéric Barberousse, autant qu’il avait été ennemi de Conrad Ier.

Le pape Eugène III envoie deux légats faire le procès à l’archevêque de Mayence, accusé d’avoir dissipé les biens de l’Église ; et l’empereur le permet.

1154. En récompense Frédéric Barberousse répudie sa femme, Marie de Vocbourg ou Vohenbourg, sans que le pape Adrien IV, alors siégeant à Rome, le trouve mauvais.

1155. Frédéric reprend sur l’Italie les desseins de ses prédécesseurs. Il réduit plusieurs villes de Lombardie qui voulaient se mettre en république ; mais Milan lui résiste.

Il se saisit, au nom de Henri son pupille, fils de Conrad III, des terres de la comtesse Mathilde, est couronné à Pavie, et député vers Adrien IV pour le prier de le couronner empereur à Rome.

Ce pape est un des grands exemples de ce que peuvent le mérite personnel et la fortune. Né Anglais, fils d’un mendiant, longtemps mendiant lui-même, errant de pays en pays avant de pouvoir être reçu valet chez des moines en Dauphiné[2], enfin

  1. Ou Jochsamergott, premier duc d’Autriche, mort au commencement de 1177.
  2. Dans le monastère de Saint-Ruf, à Valence.