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FRÉDÉRIC Ier, DIT BARBEROUSSE.

négoce, à l’exemple des villes maritimes de l’Italie. Elles se rendirent bientôt utiles et puissantes, en fournissant du moins le nécessaire au nord de l’Allemagne ; et depuis, lorsque Lubeck, qui appartenait au fameux Henri le Lion, et qu’il fortifia, fut déclarée ville impériale par Frédéric Barberousse, elle fut la première des villes maritimes. Lorsqu’elle eut le droit de battre monnaie, cette monnaie fut la meilleure de toutes, dans ces pays où l’on n’en avait frappé jusqu’alors qu’à un très-bas titre. De là vient, à ce qu’on a cru, l’argent esterling ; de là vient que Londres compta par livres esterling, quand elle se fut associée aux villes anséatiques.

Il arrive à l’empereur ce qui était arrivé à tous ses prédécesseurs : on fait contre lui des ligues en Italie, tandis qu’il est en Allemagne. Rome se ligue avec Venise, par les soins du pape Alexandre III. Venise, imprenable par sa situation, était redoutable par son opulence ; elle avait acquis de grandes richesses dans les croisades, auxquelles les Vénitiens n’avaient jusqu’alors pris part qu’en négociants habiles.

Frédéric retourne en Italie, et ravage le Véronais, qui était de la ligue. Son pape Victor meurt. Il en fait sacrer un autre, au mépris de toutes les lois, par un évêque de Liége. Cet usurpateur prend le nom de Pascal.

La Sardaigne était alors gouvernée par quatre baillis. Un d’eux, qui s’était enrichi, vient demander à Frédéric le titre de roi, et l’empereur le lui donne. Il triple partout les impôts, et retourne en Allemagne avec assez d’argent pour se faire craindre.

1165. Diète de Vurtzbourg contre le pape Alexandre III. L’empereur exige un serment de tous les princes et de tous les évêques, de ne point reconnaître Alexandre. Cette diète est célèbre par les députés d’Angleterre, qui viennent rendre compte des droits du roi et du peuple contre les prétentions de l’Église de Rome.

Frédéric, pour donner de la considération à son pape Pascal, lui fait canoniser Charlemagne. Quel saint, et quel faiseur de saints ! Aix-la-Chapelle prend le titre de la capitale de l’empire, quoiqu’il n’y ait point en effet de capitale. Elle obtient le droit de battre monnaie.

1166. Henri le Lion, duc de Saxe et de Bavière, ayant augmenté prodigieusement ses domaines, l’empereur n’est pas fâché de voir une ligue en Allemagne contre ce prince. Un archevêque de Cologne, hardi et entreprenant, s’unit avec plusieurs autres évêques, avec le comte palatin, le comte de Thuringe, et le mar-