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ADOLPHE DE NASSAU.

Les trois princes soutiennent hardiment leurs droits contre l’empereur. Il a beau prendre Dresde et plusieurs châteaux, il est chassé de la Misnie, et toute l’Allemagne se déclare contre cet indigne procédé.

1296. La rupture entre l’empereur et le roi d’Angleterre d’un côté, et la France de l’autre, durait toujours. Le pape Boniface VIII leur ordonne à tous trois une trêve, sous peine d’excommunication.

1297. L’empereur avait plus besoin d’une trêve avec les seigneurs de l’empire. Sa conduite les révoltait tous. Venceslas, roi de Bohême, Albert, duc d’Autriche, le duc de Saxe, l’archevêque de Mayence, s’assemblent à Prague. Il y avait deux marquis de Brandebourg ; non qu’ils possédassent tous deux la même marche ; mais, étant frères, ils prenaient tous deux le même titre. C’est un usage qui commençait à s’établir. On accuse l’empereur dans les formes, et on indique une diète à Égra pour le déposer.

Albert d’Autriche envoie à Rome solliciter la déposition d’Adolphe, C’est un droit qu’on reconnaît toujours dans les papes quand on croit en profiter.

Le duc d’Autriche feint d’avoir reçu le consentement du pape, qu’il n’a pourtant pas. L’archevêque de Mayence dépose solennellement l’empereur au nom de tous les princes. Voici comme il s’exprime : « On nous a dit que nos envoyés avaient obtenu l’agrément du pape ; d’autres assurent que le pape l’a refusé ; mais, n’ayant égard qu’à l’autorité qui nous a été confiée, nous déposons Adolphe de la dignité impériale, et nous élisons pour roi des Romains le seigneur Albert, duc d’Autriche. »

1298. Boniface VIII défend aux électeurs, sous peine d’excommunication, de sacrer le nouveau roi des Romains. Ils lui répondent que ce n’est pas là une affaire de religion.

Cependant Adolphe, ayant dans son parti quelques évêques et quelques seigneurs, avait encore une armée. Il donne bataille le 2 juillet, auprès de Spire[1] à son rival : tous deux se joignent au fort de la mêlée. Albert d’Autriche lui porte un coup d’épée dans l’œil. Adolphe meurt en combattant, et laisse l’empire à Albert.

  1. Ou plutôt près de Worms. (Cl.)