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ANNALES DE L’EMPIRE.

rentins et aux Pisans, et méprisait également l’empereur et le pape. C’est lui qui fit la lettre du diable au pape et aux cardinaux, qui commence ainsi : « Votre mère la Superbe vous salue avec vos sœurs l’Avarice et l’Impudicité. »

Apparemment que le diable ménagea l’accommodement de Jean Visconti avec le pape Clément, qui lui vendit l’investiture de Milan pour douze ans, moyennant douze mille florins d’or par an.

1352. La maison d’Autriche avait toujours des droits sur une grande partie de la Suisse. Le duc Albert veut soumettre Zurich, qui s’allie avec les autres cantons déjà confédérés. L’empereur secourt la maison d’Autriche dans cette guerre, mais il la secourt en homme qui ne veut pas qu’elle réussisse. Il envoie des troupes pour ne point combattre, ou du moins qui ne combattent pas. La ligue et la liberté des Suisses se fortifient.

Les villes impériales voulaient toutes établir le gouvernement populaire à l’exemple de Strasbourg. Nuremberg chasse les nobles, mais Charles IV les rétablit. Il incorpora la Lusace à son royaume de Bohême ; elle en a été détachée depuis.

1353. L’empereur Charles IV, dans le temps qu’il avait été le jeune prince de Bohême, avait gagné des batailles, et même contre le parti des papes en Italie. Dès qu’il est empereur il cherche des reliques, flatte les papes, et s’occupe de règlements, et surtout du soin d’affermir sa maison.

Il s’accommode avec les enfants de Louis de Bavière, et les réconcilie avec le pape.

Albert, duc de Bavière, se voyait excommunié, parce que son père l’avait été. Ainsi, pour prévenir la piété des princes qui pourraient lui ravir son État en vertu de son excommunication, il demande très-humblement pardon au nouveau pape Innocent VI du mal que les papes ses prédécesseurs ont fait à l’empereur son père ; il signifie un acte qui commence ainsi : « Moi, Albert, duc de Bavière, fils de Louis de Bavière, soi-disant autrefois empereur, et réprouvé par la sainte Église romaine, etc. »

Il ne paraît pas que ce prince fût forcé à cet excès d’avilissement : il fallait donc dans ces temps-là qu’il y eût bien peu d’honneur, ou beaucoup de superstition.

1354. Il est remarquable que Charles IV, passant par Metz pour aller dans ses terres de Luxembourg, n’est point reçu comme empereur, parce qu’il n’avait pas encore été sacré.

Henri VII avait déjà donné à Venceslas, seigneur de Luxembourg, le titre de duc. Charles érige cette terre en duché ; il érige