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ANNALES DU L’EMPIRE.

1356. Charles IV prend tout le contre-pied de ses prédécesseurs : ils avaient favorisé les gibelins, qui étaient en effet la faction de l’empire ; pour lui, il favorise les guelfes, et fait marcher quelques troupes de Bohême contre les gibelins ; cette faiblesse et cette inconséquence augmentèrent les troubles et les malheurs de l’Italie, diminuèrent la puissance de Charles et flétrirent sa réputation.

De retour en Allemagne, il s’applique à y faire régner l’ordre autant qu’il le peut, et à régler les rangs. Le nombre des électorats était fixé par l’usage plutôt que par les lois depuis le temps de Henri VII ; mais le nombre des électeurs ne l’était pas. Les ducs de Bavière surtout prétendaient avoir droit de suffrage aussi bien que les comtes palatins aînés de leur maison. Les cadets de Saxe se croyaient électeurs aussi bien que leurs aînés[1].

Diète de Nuremberg, dans laquelle Charles IV dépouille les ducs de Bavière du droit de suffrage, et déclare que le comte palatin est le seul électeur de cette maison.

BULLE D’OR.

Les vingt-trois premiers articles[2] de la bulle d’or sont publiés à Nuremberg avec la plus grande solennité. Cette constitution de l’empire, la seule que le public appelle bulle à cause de la petite bulle ou boîte d’or dans laquelle le sceau est enfermé, est regardée comme une loi fondamentale.

Il ne peut s’établir par les hommes que des lois de convention. Celles qu’un long usage consacre sont appelées fondamentales. On a changé, selon les temps, beaucoup de choses à cette bulle d’or.

Ce fut le jurisconsulte Bartole[3] qui la composa. Le génie du siècle y paraît par les vers latins qui en font l’exorde : Omnipotens œterne Deus, spes unica mundi ; et par l’apostrophe aux sept péchés mortels, et par la nécessité d’avoir sept électeurs, à cause des sept dons du Saint-Esprit et du chandelier à sept branches.

  1. Voyez 1314.
  2. La bulle d’or est divisée en trente chapitres, subdivisés en articles. Ce sont les vingt-trois premiers chapitres qui ont été publiés à Nuremberg. On trouve une traduction française de la bulle d’or dans les volumes intitulés Discours historiques sur l’élection de l’empereur, etc., 1741, in-8°, et Traité historique de l’élection de l’empereur, 1741, deux volumes in-12. (B.)
  3. 1313-1356. Il professa à Pise, puis à Pérouse.