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MAXIMILIEN.

jours[1]. Cette grandeur temporelle pouvait faire l’équilibre de l’Italie, et ne l’a pas fait. La faiblesse d’un gouvernement sacerdotal et le népotisme en ont été la cause.

Guerre entre le Danemark et les villes anséatiques, Lubeck, Dantzick, Vismar, Riga. En voilà plus d’un exemple ; on n’en verrait pas aujourd’hui. Les villes ont perdu, les princes ont gagné dans presque toute l’Europe : tant la vraie liberté est difficile à conserver.

Léon X, moins guerrier que Jules II, non moins entreprenant et plus artificieux, sans être plus habile, forme une ligue contre Louis XII avec l’empereur, le roi d’Angleterre Henri VIII, et le vieux Ferdinand d’Aragon. Cette ligue est conclue à Malines, le 5 avril, par les soins de cette même Marguerite d’Autriche, gouvernante des Pays-Bas, qui avait fait la ligue de Cambrai.

L’empereur doit s’emparer de la Bourgogne ; le pape, de la Provence ; le roi d’Angleterre, de la Normandie ; le roi d’Aragon, de la Guienne. Il venait d’usurper la Navarre sur Jean d’Albret avec une bulle du pape, secondée d’une armée. Ainsi les papes, toujours faibles, donnaient les royaumes au plus fort : ainsi la rapacité se servit toujours des mains de la religion.

Alors Louis XII s’unit à ces mêmes Vénitiens qu’il avait perdus avec tant d’imprudence, La ligue du pape se dissipe presque aussitôt que formée. Maximilien tire seulement de l’argent de Henri VIII : c’était tout ce qu’il voulait. Que de faiblesse, que de tromperies, que de cruautés, que d’inconstance, que de rapacité, dans presque toutes ces grandes affaires !

Louis XII fait une vaine tentative pour reprendre le Milanais, La Trimouille y marche avec peu de forces, il est défait à Novare par les Suisses. On craignait alors que les Suisses ne prissent le Milanais pour eux-mêmes. Milan, Gênes, sont perdus pour la France, aussi bien que Naples.

Les Vénitiens, qui avaient eu dans Louis XII un ennemi si malavisé et si terrible, n’ont plus en lui qu’un allié inutile. Les Espagnols de Naples se déclarent contre eux. Ils battent leur fameux général l’Alviano, comme Louis XII l’avait battu.

De tous les princes qui ont signé la ligue de Malines contre la France, Henri VIII d’Angleterre est le seul qui tienne sa parole. Il s’embarque avec les préparatifs et l’espérance des Édouard III

  1. Jules II, le 22 juillet 1512, avait excommunié Louis XII, et délié la France du serment de fidélité ; mais les sujets de ce prince ne lui confirmèrent pas moins le beau surnom de Père du Peuple, qui lui avait été donné en 1506. (Cl.)