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ANNALES DE L'EMPIRE.

vais marché. Martinusius est déclaré par Ferdinand vayvode de Transylvanie. Ce cardinal la gouverne, au nom de ce prince, avec autorité et avec courage. Il se met lui-même à la tête des Transylvains contre les Turcs. Il aide les Impériaux à les repousser ; mais Ferdinand, étant entré en défiance de lui, le fait assassiner par Pallavicini, dans le château de Vintz.

Le pape, lié alors avec l’empereur, n’ose pas d’abord demander raison de cet assassinat ; mais il excommunia Ferdinand l’année suivante. L’excommnnication ne fit ni bruit ni effet. C’est ce qu’on a souvent appelé brutum fulmen. C’était pourtant une occasion où les hommes qui parlent au nom de la Divinité semblent en droit de s’élever en son nom contre les souverains qui abusent à cet excès de leur pouvoir ; mais il faut que ceux qui jugent les rois soient irrépréhensibles.

1552. L’électeur Maurice de Saxe lève le masque, et publie par un manifeste qu’il s’est allié avec le roi de France pour la liberté de ce même Jean-Frédéric, ci-devant électeur, que lui-même avait dépossédé, pour celle du landgrave de Hesse, et pour le soutien de la religion.

L’électeur de Brandebourg, Joachim, se joint à lui. Guillaume, fils du landgrave de Hesse, prisonnier ; Henri Othon, électeur palatin ; Albert de Mecklenbourg, sont en armes avant que l’empereur ait assemblé des troupes.

Maurice et les confédérés marchent vers les défilés du Tyrol, et chassent le peu d’Impériaux qui les gardaient. L’empereur et son frère Ferdinand, sur le point d’être pris, sont obligés de fuir en désordre. Charles menait toujours avec lui son prisonnier l’ancien électeur de Saxe. Il lui offre sa liberté. Il est difficile de rendre raison pourquoi ce prince ne voulut pas l’accepter. La véritable raison peut-être, c’est que l’empereur ne la lui offrit pas.

Cependant le roi de France s’était saisi de Toul, de Verdun, et de Metz, dès le commencement du mois d’avril. Il prend Haguenau et Vissembourg ; de là il tourne vers le pays de Luxembourg, et s’empare de plusieurs villes.

L’empereur, pour comble de disgrâces, apprend dans sa fuite que le pape l’a abandonné, et s’est déclaré neutre entre lui et la France. C’est alors que son frère Ferdinand fut excommunié pour avoir fait assassiner le cardinal Martinusius. Il eût été plus beau au pape de ne pas attendre que ces censures ne parussent que l’effet de sa politique.

Au milieu de tous ces troubles, les pères du concile se retirent de Trente, et le concile est encore suspendu.