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ÉTAT DE L’EMPIRE SOUS LÉOPOLD Ier.

Son parc, c’est-à-dire l’enclos de ses tentes, était aussi grand que la ville assiégée. Il y avait des bains, des jardins, des fontaines ; on y voyait partout l’excès du luxe, avant-coureur de la ruine.

Enfin, Jean Sobieski ayant passé le Danube quelques lieues au-dessus de Vienne, les troupes de Saxe, de Bavière, et des cercles, étant arrivées, on fit, du haut de la montagne de Calemberg, des signaux aux assiégés. Tout commençait à leur manquer, et il ne leur restait plus que leur courage.

Les armées impériale et polonaise descendirent du haut de cette montagne de Calemberg, dont le grand-vizir avait négligé de s’emparer ; elles s’y étendirent en formant un vaste amphithéâtre. Le roi de Pologne occupait la droite, à la tête d’environ douze mille gendarmes, et de trois à quatre mille hommes de pied. Le prince Alexandre son fils était auprès de lui. L’infanterie de l’empereur et de l’électeur de Saxe marchait à la gauche. Le duc Charles de Lorraine commandait les Impériaux. Les troupes de Bavière montaient à dix mille hommes, celles de Saxe à peu près au même nombre.

Jamais on ne vit plus de grands princes que dans cette journée. L’électeur de Saxe, Jean-George III, était à la tête de ses Saxons. Les Bavarois n’étaient point conduits par l’électeur Marie-Emmanuel[1], leur duc. Ce jeune prince voulut servir comme volontaire auprès du duc de Lorraine. Il avait reçu de l’empereur une épée enrichie de diamants ; et lorsque Léopold revint dans Vienne, après sa délivrance, le jeune électeur, le saluant avec cette même épée, lui fit voir à quel usage il employait ses présents. C’est le même électeur qui fut mis depuis au ban de l’empire[2].

Le prince de Saxe-Lavembourg, de l’ancienne et malheureuse maison d’Ascanie, menait la cavalerie impériale ; le prince Herman de Bade, l’infanterie ; les troupes de Franconie, au nombre d’environ sept mille, marchaient sous le prince de Valdeck.

On distinguait parmi les volontaires trois princes de la maison d’Anhalt, deux de Hanovre, trois de la maison de Saxe, deux de Neubourg, deux de Virtemberg, tandis qu’un troisième se signalait dans la ville, deux de Holstein, un prince de Hesse-Cassel, un prince de Hohenzollern : il n’y manquait que l’empereur.

Cette armée montait à soixante et quatre mille combattants. Celle du grand-vizir était supérieure de plus du double ; ainsi

  1. Ou plutôt Maximilien-Marie ; voyez page 214.
  2. Voyez page 608.