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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

il fut ensuite un des hommes illustres qui contribuèrent à l’éducation du Dauphin. Jamais prince n’eut de pareils maîtres. Huet se fit prêtre à quarante ans ; il eut l’évêché d’Avranches, qu’il abdiqua ensuite pour se livrer tout entier à l’étude dans la retraite. De tous ses livres, le Commerce et la Navigation des anciens et l’Origine des Romans sont le plus d’usage. Son Traité sur la Faiblesse de l’esprit humain a fait beaucoup de bruit, et a paru démentir sa Démonstration évangélique. Mort en 1721.

Jacquelot (Isaac), né en Champagne en 1647, calviniste, pasteur à la Haye, et ensuite à Berlin. Il a fait quelques ouvrages sur la religion. Mort en 1708.

Joly (Guy), conseiller au Châtelet, secrétaire du cardinal de Retz, a laissé des Mémoires qui sont à ceux du cardinal ce qu’est le domestique au maître ; mais il y a des particularités curieuses.

Jouvency (Joseph), jésuite, né à Paris en 1643. C’est encore un homme qui a eu le mérite obscur d’écrire en latin aussi bien qu’on le puisse de nos jours. Son livre de Ratione discendi et docendi est un des meilleurs qu’on ait en ce genre, et des moins connus depuis Quintilien. Il publia en 1710, à Rome, une partie de l’histoire de son ordre. Il l’écrivit en jésuite, et en homme qui était à Rome. Le parlement de Paris, qui pense tout différemment de Rome et des jésuites, condamna ce livre, dans lequel on justifiait le P. Guignard, condamné à être pendu par ce même parlement pour l’assassinat commis sur la personne de Henri IV par l’écolier Châtel. Il est vrai que Guignard n’était nullement complice, et qu’on le jugea à la rigueur ; mais il n’est pas moins vrai que cette rigueur était nécessaire dans ces temps malheureux, où une partie de l’Europe, aveuglée par le plus horrible fanatisme, regardait comme un acte de religion de poignarder le meilleur des rois et le meilleur des hommes. Mort en 1719.

Labadie. Voyez Abadie.

Labbé (Philippe), né à Bourges en 1607, jésuite. Il a rendu de grands services à l’histoire. On a de lui soixante et seize ouvrages. Mort en 1667.

La Bruyère (Jean de), né à Dourdan en 1644. Il est certain qu’il peignit dans ses Caractères des personnes connues et considérables. Son livre a fait beaucoup de mauvais imitateurs. Ce qu’il dit à la fin contre les athées est estimé ; mais quand il se mêle de théologie, il est au-dessous même des théologiens. Mort en 1696.

La Chambre (Marin Cureau de), né au Mans en 1594. L’un des premiers membres de l’Académie française, et ensuite de celle