reux. Un homme[1] qui s’est donné la peine de faire élever à grands frais un Parnasse en bronze, couvert de figures en relief de tous les poëtes et musiciens dont il s’est avisé, a mis ce Lainez au rang des plus illustres. Les seuls vers délicats qu’on ait de lui sont ceux qu’il fit pour Mme Martel :
Le tendre Apelle un jour, dans ces jeux si vantés
Qu’Athènes sur ses bords consacrait à Neptune,
Vit au sortir de l’onde éclater cent beautés ;
Et, prenant un trait de chacune.
Il fit de sa Vénus le portrait immortel.
Hélas ! s’il avait vu l’adorable Martel,
Il n’en aurait employé qu’une.
On ne sait pas que ces vers sont une traduction un peu longue de ce beau morceau de l’Arioste :
Non avea da torre altra, che costei,
Che tutte le bellezze erano in lei.
Mort en 1710.
Lainet ou Lenet (Pierre), conseiller d’État, natif de Dijon, attaché au grand Condé, a laissé des Mémoires sur la guerre civile. Tous les Mémoires de ce temps sont éclaircis et justifiés les uns par les autres. Ils mettent la vérité de l’histoire dans le plus grand jour. Ceux de Lenet[2] ont une anecdote très-remarquable. Une dame de qualité, de Franche-Comté, se trouvant à Paris, grosse de huit mois, en 1664, son mari, absent depuis un an, arrive : elle craint qu’il ne la tue ; elle s’adresse à Lenet, sans le connaître. Celui-ci consulte l’ambassadeur d’Espagne ; tous deux imaginent de faire enfermer le mari, par lettre de cachet, à la Bastille, jusqu’à ce que la femme soit relevée de couche. Ils s’adressent à la reine. Le roi, en riant, fait et signe la lettre de cachet lui-même ; il sauve la vie de la femme et de l’enfant ; ensuite il demande pardon au mari, et lui fait un présent[3].
La Loubère (Simon de), né à Toulouse en 1642, et envoyé à Siam en 1687. On a de lui des Mémoires de ce pays, meilleurs que ses sonnets et ses odes. Mort en 1729.