teur de Monsieur, frère de Louis XIV, et qui enseigna le roi un an ; historiographe de France, conseiller d’État, grand pyrrhonien, et connu pour tel. Son pyrrhonisme n’empêcha pas qu’on ne lui confiât une éducation si précieuse. On trouve beaucoup de science et de raison dans ses ouvrages trop diffus. Il combattit le premier avec succès cette opinion qui nous sied si mal, que notre morale vaut mieux que celle de l’antiquité.
Son traité de la Vertu des païens est estimé des sages. Sa devise était :
De las cosas mas seguras
La mas segura es dudar.
comme celle de Montaigne était : Que sais-je ? Mort en 1672.
Lamotte-Houdard[1] (Antoine de), né à Paris en 1672, célèbre par sa tragédie d’Inès de Castro, l’une des plus intéressantes qui soient restées au théâtre, par de très-jolis opéras, et surtout par quelques odes qui lui firent d’abord une grande réputation ; il y a presque autant de choses que de vers ; il est philosophe et poëte. Sa prose est encore très-estimée. Il fit les Discours du marquis de Mimeure et du cardinal Dubois, lorsqu’ils furent reçus à l’Académie française ; le Manifeste de la guerre de 1718 ; le Discours que prononça le cardinal de Tencin au petit concile d’Embrun. Ce fait est mémorable : un archevêque condamne un évêque[2] et c’est un auteur d’opéras et de comédies qui fait le sermon de l’archevêque. Il avait beaucoup d’amis, c’est-à-dire qu’il y avait beaucoup de gens qui se plaisaient dans sa société. Je l’ai vu mourir, sans qu’il eût personne auprès de son lit, en 1731[3]. L’abbé Trublet dit qu’il y avait du monde ; apparemment il y vint à d’autres heures que moi[4].
- ↑ Voltaire écrivait La Motte-Houdart ; d’autres écrivent Houdard de Lamotte. L’auteur d’Inès signait Houdar de La Motte. Voyez son approbation transcrite dans la note, tome Ier du Théâtre, page 47.
- ↑ Soanen, évêque de Senez, fut déposé par le concile d’Embrun, que présidait Tencin ; voyez le chapitre xxxvii.
- ↑ Dans l’édition de 1751 du Siècle de Louis XIV, l’article Lamotte était conçu en ces termes : « La Motte-Houdart (Antoine), né à Paris en 1672, célèbre par ses ouvrages, et aimable par ses mœurs. Il avait beaucoup d’amis, c’est-à-dire qu’il y avait beaucoup de gens qui se plaisaient dans sa société. Je l’ai vu mourir sans qu’il y eût personne auprès de son lit, en 1731. » Le texte de ce qui précède est de 1768, ainsi que la phrase qui termine ce premier alinéa. C’était en 1759, dans ses Mémoires pour servir à l’histoire de Fontenelle (et de Lamotte), que Trublet, page 340, combattait ce que dit Voltaire sur la mort de Lamotte. (B)
- ↑ M. de Lamotte avait une famille nombreuse dont il était aimé, et qui lui rendait beaucoup de soins par devoir et par goût. Ses infirmités ne lui avaient rien ôté de sa gaieté et de son amabilité naturelles. Mais M. de Voltaire ne parle ici que des amis de M. de Lamotte. (K.)