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DU SIÈCLE DE LOUIS XIV.

de Médée, quoique inégale et trop remplie de déclamations, est fort supérieure à celle de Pierre Corneille ; mais la Médée de Corneille n’était pas de son bon temps. Longepierre fit beaucoup d’autres tragédies d’après les poëtes grecs, et il les imita en ne mêlant point l’amour à ces sujets sévères et terribles ; mais aussi il les imita dans la prolixité des lieux communs, et dans le vide d’action et d’intrigue, et ne les égala point dans la beauté de l’élocution, qui fait le grand mérite des poëtes. Il n’a donné au théâtre que Médée et Électre[1]. Mort en 1721.

Longuerue (Louis Dufour de), né à Charleville en 1652. Abbé du Jard. Il savait, outre les langues savantes, toutes celles de l’Europe. Apprendre plusieurs langues médiocrement, c’est le fruit du travail de quelques années ; parler purement et éloquemment la sienne, le travail de toute la vie. Il savait l’histoire universelle, et on prétend qu’il composa de mémoire la description historique et géographique de la France ancienne et moderne. Mort vers l’an 1733.

Longueval (Jacques), né en 1680, jésuite. Il a fait huit volumes de l’Histoire de l’Église gallicane, continuée par le P. Fontenay[2]. Mort en 1735.

Mabillon (Jean), né en Champagne en 1632, bénédictin. C’est lui qui, étant chargé de montrer le trésor de Saint-Denis, demanda à quitter cet emploi, parce qu’il n’aimait pas à mêler la fable avec la vérité. Il a fait de profondes recherches. Colbert l’employa à rechercher les anciens titres.

Maignan (Emmanuel), né à Toulouse en 1601, minime. L’un de ceux qui ont appris les mathématiques sans maître. Professeur de mathématiques à Rome, où il y a toujours eu depuis un professeur minime français. Mort à Toulouse en 1676.

Maillet (Benoît de), consul au Grand-Caire. On a de lui des lettres instructives sur l’Égypte, et des ouvrages manuscrits d’une philosophie hardie. L’ouvrage intitulé Telliamed est de lui, ou du moins a été fait d’après ses idées. On y trouve l’opinion que la terre a été toute couverte d’eau, opinion adoptée par M. de Buffon, qui l’a fortifiée de preuves nouvelles ; mais ce n’est et ce ne sera longtemps qu’une opinion. Il est même certain qu’il existe de

  1. Médée est de 1694 ; Électre, de 1703. Entre ces deux pièces, Longepierre, né à Dijon le 18 octobre 1659, avait donné, en 1695, Sésostris, connu par l’épigramme de Racine.
  2. Cet article est de 1751. Le P. Fontenay, mort le 15 octobre 1742, a fait les tomes IX, X, et une partie du XIe ; Brumoy acheva le XIe et fit le XIIe. Berthier a fait et publié les tomes XIII à XVIII, 1745-49, in-4o. (B.)