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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

dont plusieurs étaient des traductions très-utiles dans leur temps. Mort en 1681.

Marsollier (Jacques), né à Paris en 1647, chanoine régulier de Sainte-Geneviève, connu par plusieurs histoires bien écrites. Mort en 1724.

Martignac (Étienne Algai de), né en 1628, le premier qui donna une traduction supportable en prose de Virgile, d’Horace, etc. Je doute qu’on les traduise jamais heureusement en vers. Ce ne serait pas assez d’avoir leur génie : la différence des langues est un obstacle presque invincible. Mort en 1698.

Mascaron (Jules), de Marseille, né en 1634, évêque de Tulles, et puis d’Agen. Ses Oraisons funèbres balancèrent d’abord celles de Bossuet ; mais aujourd’hui elles ne servent qu’à faire voir combien Bossuet était un grand homme. Mort en 1703.

Massillon (Jean-Baptiste), né à Hyères, en Provence, en 1633, de l’Oratoire, évêque de Clermont. Le prédicateur qui a le mieux connu le monde ; plus fleuri que Bourdaloue, plus agréable, et dont l’éloquence sent l’homme de cour, l’académicien, et l’homme d’esprit ; de plus, philosophe modéré et tolérant. Mort en 1742.

Maucroix (François de), né à Noyon en 1619, historien, poète, et littérateur. On a retenu quelques-uns de ses vers, tels que ceux-ci, qu’il fit à l’âge de plus de quatre-vingts ans :

Chaque jour est un bien que du ciel je reçoi ;
Jouissons aujourd’hui de celui qu’il nous donne.
Il n’appartient pas plus aux jeunes gens qu’à moi.
Et celui de demain n’appartient à personne.

Mort en 1708.

Maynard (François), président d’Aurillac, né à Toulouse vers 1582. On peut le compter parmi ceux qui ont annoncé le siècle de Louis XIV. Il reste de lui un assez grand nombre de vers heureux purement écrits. C’est un des auteurs qui s’est plaint le plus de la mauvaise fortune attachée aux talents. Il ignorait que le succès d’un bon ouvrage est la seule récompense digne d’un artiste ; que, si les princes et les ministres veulent se faire honneur en récompensant cette espèce de mérite, il y a plus d’honneur encore d’attendre ces faveurs sans les demander, et que, si un bon écrivain ambitionne la fortune, il doit la faire soi-même.

Rien n’est plus connu que son beau sonnet[1] pour le cardinal

  1. Ce n’est point un sonnet ; la pièce a vingt vers, et est intitulée Épigramme à la page 204 de l’édition des Œuvres de Maynard, 1646, in-4o. — La pièce commence par ce vers :

    Armand, l’âge affaiblit mes yeux.

    Le poëte feint de rencontrer dans les Champs-Élysées le roi Louis XIII, et termine en disant :

    Mais s’il demande à quel emploi
    Tu m’as occupé dans le monde,
    Et quels biens j’ai reçus de toi,
    Que veux-tu que je lui réponde ?