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AVERTISSEMENT DE BEUCHOT.

mis sur le titre de la première édition du Siècle, et conservé dans plusieurs des éditions suivantes, a fait dire à quelques personnes que cet ouvrage n’était pas de Voltaire, mais d’un Prussien. Voltaire déclare dans le Supplément que M. de Francheville, Français réfugié[1], « voulut bien présider à la première édition du Siècle de Louis XIV », c’est-à-dire se charger des détails et embarras de l’impression, qui durent être d’autant plus grands que c’est, à ma connaissance, le premier livre imprimé tout entier avec l’orthographe de l’auteur.

À peine le Siècle parut-il qu’il fut la proie des libraires. On en donna des éditions sous les noms de La Haye, deux volumes in-12 ; Dresde (Lyon ou Trévoux), deux volumes in-12 ; Leipsic (Paris), deux volumes, en quatre parties, in-12 ; Édimbourg, deux volumes in-12, etc. L’édition de Dresde (Lyon ou Trévoux), 1752, deux volumes in-12, est intitulée troisième. L’auteur n’avait pas encore donné sa seconde, qui parut à Leipsic, deux volumes in-12, ayant chacun deux parties. Cette seconde édition contient des additions et un Avis du libraire, qui parle de huit éditions faites en moins de dix mois. Elle avait été précédée de deux Avertissements imprimés successivement dans les journaux (Mercure, juin et novembre 1752). On les trouvera à cette date, dans les Mélanges.

C’est sur l’édition de La Haye, copie de celle de Berlin, 1754, que La Beaumelle donna son édition, Francfort, 1753, trois volumes in-12, dont je parlerai plus longuement dans l’Avertissement en tête du Supplément au Siècle de Louis XIV, dont cette édition de La Beaumelle fut l’origine.

L’édition de Dresde, 1753, deux volumes petit in-8°, quoique donnée pour revue par l’auteur et considérablement augmentée, ne contient rien qui ne fût dans la seconde édition déjà mentionnée.

Voltaire ne cessa pourtant pas de revoir, corriger et augmenter son Siècle de Louis XIV. Lorsqu’en 1756 il donna son Essai sur l’Histoire générale (voyez l’Avertissement en tête de l’Essai sur les Mœurs), il mit à la suite le Siècle de Louis XIV, qui y forme les chapitres clxv à ccx. Le chapitre ccxi, intitulé Résumé de toute cette histoire, est aujourd’hui le chapitre cxcvii de l’Essai sur les Mœurs (voyez t. XIII, p. 173). Le chapitre ccxii de 1756 est, depuis 1763, le chapitre xxxiv du Siècle de Louis XIV. Les chapitres ccxiii-ccxv forment, depuis 1768, les préliminaires du Siècle de Louis XIV.

  1. Joseph du Fresne de Francheville n’était pourtant pas un réfugié. Né à Doullens en 1704, il avait débuté dans le monde savant, à Paris, de 1738 à 1741, par les premiers volumes d’une histoire générale et particulière des finances, et par un travail sur les premières expéditions de Charlemagne. Frédéric II, auquel il avait dédié cette seconde production, l’avait appelé à Berlin, où il s’était fixé et où il mourut en 1781. Il donna tous ses soins à la première édition du Siècle de Louis XIV, avec le concours de son jeune fils, alors secrétaire du roi, et qui, entrant plus tard dans les ordres, devint chanoine de la cathédrale d’Oppeln, en Silésie.

    Ce n’était pas chose facile que de corriger les épreuves du Siècle de Louis XIV, car Voltaire rompait pour la première fois avec la vieille orthographe. (G. A.)