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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

Savary (Jacques), né en 1622, le premier qui ait écrit sur le commerce. Il avait été longtemps négociant. Le conseil le consulta sur l’ordonnance de 1673, dans tout ce qui regarde le négoce, et il en rédigea presque tous les articles. Le Dictionnaire de commerce, qui est de lui[1] et de Philémon, son frère, chanoine de Saint-Maur, fut une entreprise aussi utile que nouvelle ; mais il faut regarder ces livres à peu près comme les intérêts des princes, qui changent en moins de cinquante ans. Les objets et les canaux du commerce, les gains, les finesses, ne sont plus aujourd’hui ce qu’ils étaient du temps de Savary. Mort en 1690.

Scarron (Paul), fils d’un conseiller de la grand’chambre, né en 1610. Ses comédies sont plus burlesques que comiques. Son Virgile travesti n’est pardonnable qu’à un bouffon. Son Roman comique est presque le seul de ses ouvrages que les gens de goût aiment encore ; mais ils ne l’aiment que comme un ouvrage gai, amusant, et médiocre. C’est ce que Boileau avait prédit. Louis XIV épousa sa veuve en 1685. Mort en 1660.

Scudéry (Georges de), né au Havre-de-Grace en 1601. Favorisé du cardinal de Richelieu, il balança quelque temps la réputation de Corneille. Son nom est plus connu que ses ouvrages. Mort en 1667.

Scudéry (Magdeleine), sœur de Georges, née au Havre en 1607, plus connue aujourd’hui par quelques vers agréables qui restent d’elle que par les énormes romans de la Clélie et du Cyrus. Louis XIV lui donna une pension, et l’accueillit avec distinction. Ce fut elle qui remporta le premier prix d’éloquence fondé par l’Académie. Morte en 1701.

Segrais (Jean Regnault de), né à Caen en 1625. Mademoiselle l’appelle une manière de bel esprit ; mais c’était en effet un très-bel esprit et un véritable homme de lettres. Il fut obligé de quitter le service de cette princesse pour s’être opposé à son mariage avec le comte de Lauzun. Ses églogues et sa traduction de Virgile furent estimées ; mais aujourd’hui on ne les lit plus. Il est remarquable qu’on a retenu des vers de la Pharsale de Brébeuf, et aucun de l’Énéide de Segrais. Cependant Boileau loue Segrais et dénigre Brébeuf. Mort en 1701.

Senault (Jean-François), né en 1601, général de l’Oratoire.

  1. Le Dictionnaire de commerce n’est pas de Jacques Savary, mort en 1690, mais de Jacques Savary, son fils, mort en 1710, et connu sous le nom de Savary des Brûlons. Ce ne fut qu’en 1723 que parut la première édition, par les soins de l’abbé Savary, qui avait été le collaborateur de son frère, et qui, lors de sa mort, en 1727, laissa un volume de supplément, qui fut publié en 1730. (B.)