Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome14.djvu/50

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Simon Arnauld de Pomponne, secrétaire d’État des affaires étrangères en 1671, homme savant et de beaucoup d’esprit ainsi que presque tous les Arnauld[1], chéri dans la société, et préférant quelquefois les agréments de cette société aux affaires, renvoyé en 1679, et remplacé par le marquis de Croissy. Il ne fut point secrétaire d’État toute sa vie, comme le disent les nouveaux Dictionnaires historiques ; mais le roi lui conserva le titre de ministre d’État, avec la permission d’entrer au conseil, permission dont il n’usa pas. Mort en 1699.

Michel Le Tellier, le chancelier, secrétaire d’État jusqu’en 1666.

François-Michel Le Tellier, marquis de Louvois, le plus grand ministre de la guerre qu’on eût vu jusqu’alors, secrétaire d’État en 1666. Il fut plus estimé qu’aimé du roi, de la cour, et du public ; il eut le bonheur, comme Colbert, d’avoir des descendants qui ont fait honneur à sa maison, et même des maréchaux de France ; il n’est pas vrai qu’il mourut subitement au sortir du conseil, comme on l’a dit dans tant de livres et de dictionnaires. Il prenait les eaux de Balaruc, et voulait travailler en les prenant : cette ardeur indiscrète de travail causa sa mort, en 1691[2].

Louis-François-Marie Le Tellier, marquis de Barbesieux, fils du marquis de Louvois, secrétaire d’État de la guerre, après la mort de son père, jeune homme qui commença par préférer les plaisirs et le faste au travail. Mort à trente-trois ans, en 1701.

Claude Le Pelletier, président aux enquêtes, prévôt des marchands, homme de bien, modeste, retiré, travailla au code de droit canon. Cette étude ne paraissait pas le désigner pour successeur du grand Colbert ; cependant il le fut en 1683. On dit[3] au roi qu’il n’était pas propre pour cette place, parce qu’il n’était pas assez dur : « C’est pour cela que je le choisis, » répondit Louis XIV. Il quitta le ministère et la cour au bout de six ans. Toute sa famille a été renommée comme lui pour son intégrité. Mort en 1711.

Louis Phelypeaux, comte de Pontchartrain, le même qui fut chancelier, commença par être premier président du parlement de Bretagne ; contrôleur général en 1690, après la retraite du contrôleur général Le Pelletier ; secrétaire d’État après la mort du marquis de Seignelai, la même année 1690. C’est lui qui, par l’avis de l’abbé Bignon, soumit toutes les académies aux secrétaires d’État, excepté l’Académie française, qui ne pouvait dépendre que du roi.

  1. Il était neveu du janséniste le grand Arnauld.
  2. Le 16 juillet. Voyez le chapitre xxvii.
  3. Ce fut le chancelier Le Tellier ; voyez chapitre xxx.