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ÉCRIVAINS FRANÇAIS

d’autres ouvrages qui ont amusé et trompé les ignorants. Il a été imité par les auteurs de ces misérables brochures contre la France, le Glaneur[1], l’Épilogueur, et tant d’autres bêtises périodiques que la faim a inspirées, que la sottise et le mensonge ont dictées, à peine lues de la canaille. Mort à Paris en 1712.

Cousin (Louis), né à Paris en 1627, président à la cour des monnaies. Personne n’a plus ouvert que lui les sources de l’histoire. Ses traductions de la collection Bysantine et d’Eusèbe de Césarée ont mis tout le monde en état de juger du vrai et du faux, et de connaître avec quels préjugés et quel esprit de parti l’histoire a été presque toujours écrite. On lui doit beaucoup de traductions d’historiens grecs que lui seul a fait connaître. Mort en 1707.

Crébillon (Prosper Jolyot de), né à Dijon en 1674. Nous ignorons si un procureur, nommé Prieur, le fit poëte, comme il est dit dans le Dictionnaire historique portatif, en quatre volumes[2]. Nous croyons que le génie y eut plus de part que le procureur. Nous ne croyons pas que l’anecdote rapportée dans le même ouvrage contre son fils soit vraie. On ne peut trop se défier de tous ces petits contes. Il faut ranger Crébillon parmi les génies qui illustrèrent le siècle de Louis XIV, puisque sa tragédie de Rhadamiste, la meilleure de ses pièces, fut jouée en 1710[3]. Si Despréaux, qui se mourait alors, trouva cette tragédie plus mauvaise que celle de Pradon[4], c’est qu’il était dans un âge et dans un état où l’on n’est sensible qu’aux défauts, et insensible aux beautés. Mort à quatre-vingt-huit ans, en 1762[5].

Dacier (André), né à Castres en 1651, calviniste comme sa femme, et devenu catholique comme elle, garde des livres du cabinet du roi à Paris, charge qui ne subsiste plus. Homme plus savant qu’écrivain élégant, mais à jamais utile par ses traductions et par quelques-unes de ses notes. Mort au Louvre, en 1722. Nous devons à Mme  Dacier la traduction d’Homère la plus fidèle par le style, quoiqu’elle manque de force, et la plus instructive par les notes, quoiqu’on y désire la finesse du goût. On remarque

  1. Le Glaneur historique, moral, littéraire, et galant était un journal qui paraissait en Hollande les lundi et jeudi, en 1731 et années suivantes. Il contient plusieurs morceaux contre Voltaire et ses ouvrages. Voyez, tome Ier du Théâtre, la note de la page 309.
  2. Voyez les notes des pages 24 et 42.
  3. En janvier 1711.
  4. Voyez la note de la page 49.
  5. Voltaire a composé, en 1762, un Éloge de Crébillon, qui n’est pas un panégyrique.