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ALCORAN, OU LE KORAN.

Ce fut principalement contre les Turcs devenus mahométans que nos moines écrivirent tant de livres, lorsqu’on ne pouvait guère répondre autrement aux conquérants de Constantinople. Nos auteurs, qui sont en beaucoup plus grand nombre que les janissaires, n’eurent pas beaucoup de peine à mettre nos femmes dans leur parti : ils leur persuadèrent que Mahomet ne les regardait pas comme des animaux intelligents ; qu’elles étaient toutes esclaves par les lois de l’Alcoran ; qu’elles ne possédaient aucun bien dans ce monde, et que dans l’autre elles n’avaient aucune part au paradis. Tout cela est d’une fausseté évidente ; et tout cela a été cru fermement.

Il suffisait pourtant de lire le second et le quatrième sura[1] ou chapitre de l’Alcoran pour être détrompé ; on y trouverait les lois suivantes ; elles sont traduites également par du Ryer, qui demeura longtemps à Constantinople ; par Maracci, qui n’y alla jamais, et par Sale, qui vécut vingt-cinq ans parmi les Arabes.


RÈGLEMENTS DE MAHOMET SUR LES FEMMES.
I.

« N’épousez de femmes idolâtres que quand elles seront croyantes. Une servante musulmane vaut mieux que la plus grande dame idolâtre.

II.

« Ceux qui font vœu de chasteté ayant des femmes attendront quatre mois pour se déterminer.

« Les femmes se comporteront envers leur maris comme leurs maris envers elles.

III.

« Vous pouvez faire un divorce deux fois avec votre femme ; mais à la troisième, si vous la renvoyez, c’est pour jamais ; ou vous la retiendrez avec humanité, ou vous la renverrez avec bonté. Il ne vous est pas permis de rien retenir de ce que vous lui avez donné.

IV.

« Les honnêtes femmes sont obéissantes et attentives, même pendant l’absence de leurs maris. Si elles sont sages, gardez-vous

  1. En comptant l’introduction pour un chapitre. (Note de Voltaire.)