ston, Bekker, l’auteur déguisé sous le nom de Jacques Massé[1], celui de l’Espion turc[2], celui des Lettres persanes[3], des Lettres juives[4], des Pensées philosophiques[5], etc. ? Non ; ce sont, pour la plupart, des théologiens qui, ayant eu d’abord l’ambition d’être chefs de secte, ont bientôt eu celle d’être chefs de parti. Que dis-je ? tous les livres de philosophie moderne, mis ensemble, ne feront jamais dans le monde autant de bruit seulement qu’en a fait autrefois la dispute des cordeliers sur la forme de leurs manches et de leurs capuchons. »
DE L’ANTIQUITÉ DU DOGME DE l’IMMORTALITÉ DE l’ÂME[6].
FRAGMENT.
Le dogme de l’immortalité de l’âme est l’idée la plus consolante, et en même temps la plus réprimante que l’esprit humain ait pu recevoir. Cette belle philosophie était, chez les Égyptiens, aussi ancienne que leurs pyramides ; elle était avant eux connue chez les Perses. J’ai déjà rapporté ailleurs[7] cette allégorie du premier Zoroastre, citée dans le Sadder, dans laquelle Dieu fit voir à Zoroastre un lieu de châtiments, tel que le Dardarot ou le Keron des Égyptiens, l’Hadès et le Tartare des Grecs, que nous n’avons traduit qu’imparfaitement dans nos langues modernes par le mot enfer, souterrain. Dieu montre à Zoroastre, dans ce lieu de châtiments, tous les mauvais rois. Il y en avait un auquel il manquait un pied : Zoroastre en demanda la raison ; Dieu lui répondit que ce roi n’avait fait qu’une bonne action en sa vie, en approchant d’un coup de pied une auge qui n’était pas assez près d’un pauvre âne mourant de faim. Dieu avait mis le pied de ce méchant homme dans le ciel ; le reste du corps était en enfer.
Cette fable, qu’on ne peut trop répéter, fait voir de quelle
- ↑ Voltaire veut sans doute parler des Voyages et Aventures de Jacques Massé, 1710, in-8o ou in-12, dont l’auteur est Simon Tyssot de Patot. (B.)
- ↑ Marana. Voyez ma note sur la seconde des Honnêtetés littéraires (dans les Mélanges, année 1767). (B.)
- ↑ Montesquieu.
- ↑ Le marquis d’Argens.
- ↑ Diderot.
- ↑ Ce morceau faisait partie du tome III des Nouveaux Mélanges, publié en 1765. (B.)
- ↑ Essai sur les Mœurs, chapitre v.