ailes au dos. À l’égard des trônes et des dominations, on ne s’est pas encore avisé de les peindre.
Saint Thomas, à la question cviii, article 2, dit que les trônes sont aussi près de Dieu que les chérubins et les séraphins, parce que c’est sur eux que Dieu est assis. Scot a compté mille millions d’anges. L’ancienne mythologie des bons et des mauvais génies ayant passé de l’Orient en Grèce et à Rome, nous consacrâmes cette opinion, en admettant pour chaque homme un bon et un mauvais ange, dont l’un l’assiste, et l’autre lui nuit depuis sa naissance jusqu’à sa mort ; mais on ne sait pas encore si ces bons et mauvais anges passent continuellement de leur poste à un autre, ou s’ils sont relevés par d’autres. Consultez sur cet article la Somme de saint-Thomas.
On ne sait pas précisément où les anges se tiennent, si c’est
dans l’air, dans le vide, dans les planètes : Dieu n’a pas voulu que
nous en fussions instruits.
Que de peuples ont subsisté longtemps et subsistent encore sans annales ! Il n’y en avait dans l’Amérique entière, c’est-à-dire dans la moitié de notre globe, qu’au Mexique et au Pérou ; encore n’étaient-elles pas fort anciennes. Et des cordelettes nouées ne sont pas des livres qui puissent entrer dans de grands détails.
Les trois quarts de l’Afrique n’eurent jamais d’annales ; et encore aujourd’hui, chez les nations les plus savantes, chez celles même qui ont le plus usé et abusé de l’art d’écrire, on peut compter toujours, du moins jusqu’à présent, quatre-vingt-dix-neuf parties du genre humain sur cent qui ne savent pas ce qui s’est passé chez elles au delà de quatre générations, et qui à peine connaissent le nom d’un bisaïeul. Presque tous les habitants des bourgs et des villages sont dans ce cas : très-peu de familles ont des titres de leurs possessions. Lorsqu’il s’élève des procès sur les limites d’un
- ↑ Cet article était composé de la cinquième des Lettres philosophiques. Voyez Mélanges, année 1734.
- ↑ Dans les Questions sur l’Encyclopédie, on reproduisait sous ce mot le chapitre xx des Singularités de la nature. Voyez les Mélanges, année 1768.
- ↑ Questions sur l’Encyclopédie, première partie (1770). (B.)