votre langue que dans vos livres ? Et pourquoi, en prononçant anglais et portugais, mettez-vous un o à l’un et un a à l’autre ? Pourquoi n’avez-vous pas la mauvaise habitude d’écrire portugois, comme vous avez la mauvaise habitude d’écrire anglois ? En un mot, ne paraît-il pas évident que la meilleure méthode est d’écrire toujours par a ce qu’on prononce par a[1] ?
A, troisième personne au présent de l’indicatif du verbe avoir. C’est un défaut sans doute qu’un verbe ne soit qu’une seule lettre, et qu’on exprime il a raison, il a de l’esprit, comme on exprime il est à Paris, il est à Lyon.
.... Hodieque manent vestigia ruris.
Il a eu choquerait horriblement l’oreille, si on n’y était pas accoutumé : plusieurs écrivains se servent souvent de cette phrase, la différence qu’il y a ; la distance qu’il y a entre eux ; est-il rien de plus languissant à la fois et de plus rude ? n’est-il pas aisé d’éviter cette imperfection du langage, en disant simplement la distance, la différence entre eux ? à quoi bon ce qu’il et cet y a, qui rendent le discours sec et diffus, et qui réunissent ainsi les plus grands défauts ?
Ne faut-il pas surtout éviter le concours de deux a ? il va à Paris, il a Antoine en aversion. Trois et quatre a sont insupportables ; il va à Amiens, et de là à Arques.
La poésie française proscrit ce heurtement de voyelles.
Gardez qu’une voyelle, à courir trop hâtée,
Ne soit d’une voyelle en son chemin heurtée[3].
Les Italiens ont été obligés de se permettre cet achoppement
de sons qui détruisent l’harmonie naturelle, ces hiatus, ces bâille-