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ANTI-TRINITAIRES.

Apparet domus intus, et atria longa patescunt :
Apparent Priami et veterum penetralia regum.

Æn., II, 483-84.

Mais aussi le peuple n’est pas logé comme les rois : on voit des huttes près du Vatican et de Versailles.

De plus, l’industrie tombe et se relève chez les peuples par mille révolutions.

Et campos ubi Troja fuit....

Æn., III, 11.

Nous avons nos arts, l’antiquité eut les siens. Nous ne saurions faire aujourd’hui une trirème ; mais nous construisons des vaisseaux de cent pièces de canon.

Nous ne pouvons élever des obélisques de cent pieds de haut d’une seule pièce ; mais nos méridiennes sont plus justes.

Le byssus nous est inconnu ; les étoffes de Lyon valent bien le byssus.

Le Capitole était admirable ; l’église de Saint-Pierre est beaucoup plus grande et plus belle.

Le Louvre est un chef-d’œuvre en comparaison du palais de Persépolis, dont la situation et les ruines n’attestent qu’un vaste monument d’une riche barbarie.

La musique de Rameau vaut probablement celle de Timothée, et il n’est point de tableau présenté dans Paris, au salon d’Apollon, qui ne l’emporte sur les peintures qu’on a déterrées dans Herculanum[1].


ANTI-TRINITAIRES[2].


Ce sont des hérétiques qui pourraient ne pas passer pour chrétiens. Cependant ils reconnaissent Jésus comme sauveur et médiateur ; mais ils osent soutenir que rien n’est plus contraire à la droite raison que ce qu’on enseigne parmi les chrétiens touchant la trinité des personnes dans une seule essence divine, dont la seconde est engendrée par la première, et la troisième procède des deux autres.

  1. Voyez l’article Anciens et Modernes. (Note de Voltaire.)
  2. Dictionnaire philosophique, addition à l’édition de 1767. (B.)