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APOCRYPHES.

Après plusieurs discours de la sorte, l’écho de la montagne dit à Moïse : « Tu n’as plus que cinq heures à vivre. » Au bout des cinq heures Dieu envoya chercher Gabriel, Zinghiel et Samael. Dieu promit à Moïse de l’enterrer, et emporta son âme.

Quand on fait réflexion que presque toute la terre a été infatuée de pareils contes, et qu’ils ont fait l’éducation du genre humain, on trouve les fables de Pilpaï, de Lokman, d’Ésope, bien raisonnables.

LIVRES APOCRYPHES DE LA NOUVELLE LOI.

Cinquante Évangiles, tous assez différents les uns des autres, dont il ne nous reste que quatre entiers, celui de Jacques, celui de Nicodème, celui de l’enfance de Jésus, et celui de la naissance de Marie. Nous n’avons des autres que des fragments et de légères notices[1].

Le voyageur Tournefort, envoyé par Louis XIV en Asie, nous apprend que les Géorgiens ont conservé l’Évangile de l’enfance, qui leur a été probablement communiqué par les Arméniens (Tournefort, let. XIX).

Dans les commencements plusieurs de ces Évangiles, aujourd’hui reconnus comme apocryphes, furent cités comme authentiques, et furent même les seuls cités. On trouve dans les Actes des apôtres[2] ces mots que prononce saint Paul[3] : « Il faut se souvenir des paroles du seigneur Jésus, car lui-même a dit : Il vaut mieux donner que recevoir. »

Saint Barnabé, ou plutôt saint Barnabas, fait parler ainsi Jésus-Christ dans son Épitre catholique[4] : « Résistons à toute iniquité, et ayons-la en haine... Ceux qui veulent me voir et parvenir à mon royaume doivent me suivre par les afflictions et par les peines. »

Saint Clément, dans sa seconde Épître aux Corinthiens, met dans la bouche de Jésus-Christ ces paroles : « Si vous êtes assemblés dans mon sein, et que vous ne suiviez pas mes commandements[5] je vous rejetterai, et je vous dirai : Retirez-vous de moi, je ne vous connais pas ; retirez-vous de moi, artisans d’iniquité. »

  1. Voyez la Collection d’anciens Évangiles (Mélanges, année 1769).
  2. Chapitre xx, vers. 35.
  3. Chapitre xx, vers. 35. (Note de Voltaire.)
  4. Numéros 4 et 7. (Id.)
  5. Numéro 4. (Id.)