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APÔTRES.

Saint Philippe. Si l’on en croit les légendes apocryphes, il vécut quatre-vingt-sept ans, et mourut paisiblement sous Trajan.

Saint Thomas-Didyme. Origène, cité par Eusèbe, dit qu’il alla prêcher aux Mèdes, aux Perses, aux Caramaniens, aux Bactriens, et aux mages, comme si les mages avaient été un peuple. On ajoute qu’il baptisa un des mages qui étaient venus à Bethléem. Les manichéens prétendaient qu’un homme ayant donné un soufflet à saint Thomas, fut dévoré par un lion. Des auteurs portugais assurent qu’il fut martyrisé à Méliapour, dans la presqu’île de l’Inde. L’Église grecque croit qu’il prêcha dans l’Inde, et que de là on porta son corps à Édesse. Ce qui fait croire encore à quelques moines qu’il alla dans l’Inde, c’est qu’on y trouva, vers la côte d’Ormus, à la fin du xve siècle, quelques familles nestoriennes établies par un marchand de Mozoul, nommé Thomas. La légende porte qu’il bâtit un palais magnifique pour un roi de l’Inde, appelé Condafer ; mais les savants rejettent toutes ces histoires.

Saint Mathias. On ne sait de lui aucune particularité. Sa vie n’a été écrite qu’au xiie siècle, par un moine de l’abbaye de Saint-Mathias de Trêves, qui disait la tenir d’un Juif qui la lui avait traduite de l’hébreu en latin.

Saint Matthieu. Si l’on en croit Rufin, Socrate, Abdias, il prêcha et mourut en Éthiopie. Héracléon le fait vivre longtemps, et mourir d’une mort naturelle ; mais Abdias dit qu’Hirtacus, roi d’Éthiopie, frère d’Églipus, voulant épouser sa nièce Iphigénie, et n’en pouvant obtenir la permission de saint Matthieu, lui fit trancher la tête, et mit le feu à la maison d’Iphigénie. Celui à qui nous devons l’Évangile le plus circonstancié que nous ayons méritait un meilleur historien qu’Abdias.

Saint Simon Cananéen, qu’on fête communément avec saint Jude. On ignore sa vie. Les Grecs modernes disent qu’il alla prêcher dans la Libye, et de là en Angleterre. D’autres le font martyriser en Perse.

Saint Thaddée ou Lébée, le même que saint Jude, que les Juifs appellent, dans saint Matthieu[1] frère de Jésus-Christ, et qui, selon Eusèbe, était son cousin germain. Toutes ces relations, la plupart incertaines et vagues, ne nous éclairent point sur la vie des apôtres. Mais s’il y a peu pour notre curosité, il reste assez pour notre instruction.

Des quatre Évangiles choisis parmi les cinquante-quatre qui

  1. Matthieu, chapitre xiii, v. 55. (Note de Voltaire.)