[1] Goûter, c’est ressembler. Un ange vous ressemble, Catau ; vous ressemblez à un ange ?
[2] Que dit-il ? que je suis semblable à des anges ?
[3] Oui, vraiment, sauf votre honneur, ainsi dit-il.
[4] C’est ce que j’ai dit, chère Catherine, et je ne dois pas rougir de le confirmer.
Ah, bon Dieu ! les langues des hommes sont pleines de tromperies.
[5] Que dit-elle, ma belle, que les langues des hommes sont pleines de fraudes ?
Oui[6], que les langues des hommes est plein de fraudes c’est-à-dire, des princes.
[7] Eh bien, la princesse en est-elle meilleure Anglaise ? Ma foi ! Catau, mes soupirs sont pour votre entendement ; je suis bien aise que tu ne puisses pas parler mieux anglais : car si tu le pouvais tu me trouverais si franc roi : que tu penserais que j’ai vendu ma ferme pour acheter une couronne. Je n’ai pas la façon de hacher menu en amour. Je te dis tout franchement : Je t’aime. Si tu en demandes davantage, adieu mon procès d’amour. Veux tu ? réponds. Réponds, tapons d’une main, et voilà le marché fait. Qu’en dis-tu, lady ?
Sauf votre honneur[8], moi entendre bien.
Crois-moi, si tu voulais me faire rimer ou me faire danser pour te plaire, Catau, tu m’embarrasserais beaucoup : car pour les vers, vois-tu, je n’ai ni paroles, ni mesure ; et pour ce qui est de danser, ma force n’est pas dans la mesure ; mais j’ai une bonne mesure en force ; je pourrais gagner une femme au jeu du cheval fondu, ou à saute-grenouille.