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BAPTÊME.

tien peut s’en passer, sans qu’il puisse en résulter pour lui aucun inconvénient ;

« Qu’on ne doit pas baptiser les enfants ni les adultes, ni en général aucun homme ;

« Que le baptême pouvait être d’usage dans la naissance du christianisme à ceux qui sortaient du paganisme, pour rendre publique leur profession de foi, et en être la marque authentique ; mais qu’à présent il est absolument inutile, et tout à fait indifférent. » (Tiré du Dictionnaire encyclopédique, à l’article des Unitaires.)

SECTION II.

Le baptême, l’immersion dans l’eau, l’abstersion, la purification par l’eau, est de la plus haute antiquité. Être propre, c’était être pur devant les dieux. Nul prêtre n’osa jamais approcher des autels avec une souillure sur son corps. La pente naturelle à transporter à l’âme ce qui appartient ou corps fit croire aisément que les lustrations, les ablutions, ôtaient les taches de l’âme comme elles ôtent celles des vêtements ; et en lavant son corps on crut laver son âme. De là cette ancienne coutume de se baigner dans le Gange, dont on crut les eaux sacrées ; de là les lustrations si fréquentes chez tous les peuples. Les nations orientales qui habitent des pays chauds furent les plus religieusement attachées à ces coutumes.

On était obligé de se baigner chez les Juifs après une pollution, quand on avait touché un animal impur, quand on avait touché un mort, et dans beaucoup d’autres occasions.

Lorsque les Juifs recevaient parmi eux un étranger converti à leur religion, ils le baptisaient après l’avoir circoncis ; et si c’était une femme, elle était simplement baptisée, c’est-à-dire plongée dans l’eau en présence de trois témoins. Cette immersion était réputée donner à la personne baptisée une nouvelle naissance, une nouvelle vie ; elle devenait à la fois juive et pure ; les enfants nés avant ce baptême n’avaient point de portion dans l’héritage de leurs frères qui naissaient après eux d’un père et d’une mère ainsi régénérés : de sorte que chez les Juifs être baptisé et renaître était la même chose, et cette idée est demeurée attachée au baptême jusqu’à nos jours. Ainsi, lorsque Jean le précurseur se mit à baptiser dans le Jourdain, il ne fit que suivre un usage immémorial. Les prêtres de la loi ne lui demandèrent pas compte de ce baptême comme d’une nouveauté ; mais ils l’accusèrent de s’arroger un droit qui n’appartenait qu’à eux,