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CONCILES.

culté. Dans la seconde, il dit entre autres à l’Église d’Alexandrie en particulier : « Ce que trois cents évêques ont ordonné n’est autre chose que la sentence du Fils unique de Dieu ; le Saint-Esprit a déclaré la volonté de Dieu par ces grands hommes qu’il inspirait : donc que personne ne doute, que personne ne diffère ; mais revenez tous de bon cœur dans le chemin de la vérité. »

Les écrivains ecclésiastiques ne sont pas d’accord sur le nombre des évêques qui souscrivirent à ce concile. Eusèbe n’en compte que deux cent cinquante[1] ; Eustathe d’Antioche, cité par Théodoret, deux cent soixante et dix ; saint Athanase, dans son Épître aux solitaires, trois cents, comme Constantin ; mais dans sa lettre aux Africains, il parle de trois cent dix-huit. Ces quatre auteurs sont cependant témoins oculaires, et très-dignes de foi.

Ce nombre de trois cent dix-huit, que le pape[2] saint Léon appelle mystérieux, a été adopté par la plupart des Pères de l’Église. Saint Ambroise assure[3] que le nombre de trois cent dix-huit évêques fut une preuve de la présence du Seigneur Jésus dans son concile de Nicée, parce que la croix désigne trois cents, et le nom de Jésus dix-huit. Saint Hilaire, en défendant le mot de consubstantiel approuvé dans le concile de Nicée, quoique condamné cinquante-cinq ans auparavant dans le concile d’Antioche, raisonne ainsi[4] : « Quatre-vingts évêques ont rejeté le mot de consubstantiel, mais trois cent dix-huit l’ont reçu. Or ce dernier nombre est pour moi un nombre saint, parce que c’est celui des hommes qui accompagnèrent Abraham, lorsque, victorieux des rois impies, il fut béni par celui qui est la figure du sacerdoce éternel. » Enfin Selden[5] rapporte que Dorothée, métropolitain de Monembase, disait qu’il y avait eu précisément trois cent dix-huit Pères à ce concile, parce qu’il s’était écoulé trois cent dix-huit ans depuis l’incarnation. Tous les chronologistes placent ce concile à l’an 325 de l’ère vulgaire, mais Dorothée en retranche sept ans pour faire cadrer sa comparaison : ce n’est là qu’une bagatelle ; d’ailleurs on ne commença à compter les années depuis l’incarnation de Jésus qu’au concile de Lestines, l’an 743. Denis le Petit avait imaginé cette époque dans son cycle

  1. Le reste des deux mille quarante-huit n’eut point apparemment le temps de rester jusqu’à la fin du concile, ou peut-être ce nombre se doit-il entendre de ceux qui furent convoqués, et non de ceux qui purent se rendre à Nicée. (K.)
  2. Lettre cxxxii. (Note de Voltaire.)
  3. Livre I, chapitre ix, de la Foi. (Id.)
  4. Page 303 du Synode. (Id.)
  5. Page 80. (Id.)