Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome18.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
222
CONCILES.

d’idolâtrie. Le pape Adrien IV y envoya deux légats, et ne le convoqua pas.

Le premier grand concile convoqué par un pape fut le premier de Latran, en 1139[1] ; il y eut environ mille évêques ; mais on n’y fit presque rien, sinon qu’on anathématisa ceux qui disaient que l’Église était trop riche.

Autre concile de Latran, en 1179, tenu par le pape Alexandre III, où les cardinaux, pour la première fois, prirent le pas sur les évêques : il ne fut question que de discipline.

Autre grand concile de Latran, en 1215. Le pape Innocent III y dépouilla le comte de Toulouse de tous ses biens, en vertu de l’excommunication. C’est le premier concile qui ait parlé de transsubstantiation.

En 1245, concile général de Lyon, ville alors impériale, dans laquelle le pape Innocent IV excommunia l’empereur Frédéric II, et par conséquent le déposa, et lui interdit le feu et l’eau : c’est dans ce concile qu’on donna aux cardinaux un chapeau rouge, pour les faire souvenir qu’il faut se baigner dans le sang des partisans de l’empereur. Ce concile fut la cause de la destruction de la maison de Souabe, et de trente ans d’anarchie dans l’Italie et dans l’Allemagne.

Concile général à Vienne, en Dauphiné, en 1311, où l’on abolit l’ordre des Templiers, dont les principaux membres avaient été condamnés aux plus horribles supplices, sur les accusations les moins prouvées.

En 1414, le grand concile de Constance, où l’on se contenta de démettre le pape Jean XXIII, convaincu de mille crimes, et où l’on brûla Jean Hus et Jérôme de Prague, pour avoir été opiniâtres, attendu que l’opiniâtreté est un bien plus grand crime que le meurtre, le rapt, la simonie et la sodomie.

En 1431, le grand concile de Bâle, non reconnu à Rome, parce qu’on y déposa le pape Eugène IV, qui ne se laissa point déposer.

Les Romains comptent pour concile général le cinquième concile de Latran, en 1512, convoqué contre Louis XII, roi de France, par le pape Jules II ; mais ce pape guerrier étant mort, ce concile s’en alla en fumée.

Enfin nous avons le grand concile de Trente, qui n’est pas reçu en France pour la discipline ; mais le dogme en est incon-

  1. Voltaire, page 217, n’en parle que comme d’un second concile ; il avait, même page, parlé du premier, tenu en 1123. (B.)