On croit qu’il fit mourir son fils aîné Crispus, et sa femme Fausta, la même année qu’il assembla le concile de Nicée. Zosime et Sozomène prétendent que les prêtres des dieux lui ayant dit qu’il n’y avait pas d’expiations pour de si grands crimes, il fit alors profession ouverte du christianisme, et démolit plusieurs temples dans l’Orient. Il n’est guère vraisemblable que des pontifes païens eussent manqué une si belle occasion d’amener à eux leur grand-pontife, qui les abandonnait. Cependant il n’est pas impossible qu’il s’en fût trouvé quelques-uns de sévères ; il y a partout des hommes difficiles. Ce qui est bien plus étrange, c’est que Constantin chrétien n’ait fait aucune pénitence de ses parricides. Ce fut à Rome qu’il commit cette barbarie ; et depuis ce temps le séjour de Rome lui devint odieux ; il la quitta pour jamais, et alla fonder Constantinople. Comment ose-t-il dire dans un de ses rescrits qu’il transporte le siége de l’empire à Constantinople par ordre de Dieu même ? n’est-ce pas se jouer impudemment de la Divinité et des hommes ? Si Dieu lui avait donné quelque ordre, ne lui aurait-il pas donné celui de ne point assassiner sa femme et son fils ?
Dioclétien avait déjà donné l’exemple de la translation de l’empire vers les côtes de l’Asie. Le faste, le despotisme et les mœurs asiatiques effarouchaient encore les Romains, tout corrompus et tout esclaves qu’ils étaient. Les empereurs n’avaient osé se faire baiser les pieds dans Rome, et introduire une foule d’eunuques dans leurs palais ; Dioclétien commença dans Nicomédie, et Constantin acheva dans Constantinople, de mettre la cour romaine sur le pied de celle des Perses. Rome languit dès lors dans la décadence. L’ancien esprit romain tomba avec elle. Ainsi Constantin fit à l’empire le plus grand mal qu’il pouvait lui faire.
De tous les empereurs ce fut sans contredit le plus absolu. Auguste avait laissé une image de liberté ; Tibère, Néron même, avaient ménagé le sénat et le peuple romain : Constantin ne ménagea personne. Il avait affermi d’abord sa puissance dans Rome, en cassant ces fiers prétoriens, qui se croyaient les maîtres des empereurs. Il sépara entièrement la robe et l’épée. Les dépositaires des lois, écrasés alors par le militaire, ne furent plus que des jurisconsultes esclaves. Les provinces de l’empire furent gouvernées sur un plan nouveau.
La grande vue de Constantin était d’être le maître en tout ; il le fut dans l’Église comme dans l’État. On le voit convoquer et ouvrir le concile de Nicée, entrer au milieu des Pères tout couvert de pierreries, le diadème sur la tête, prendre la première