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ÉGLISE.


Les thérapeutes étaient une société différente des esséniens et des judaïtes ; ils ressemblaient aux gymnosophistes des Indes et aux brames. « Ils ont, dit Philon, un mouvement d’amour céleste qui les jette dans l’enthousiasme des bacchantes et des corybantes, et qui les met dans l’état de la contemplation à laquelle ils aspirent. Cette secte naquit dans Alexandrie, qui était toute remplie de Juifs, et s’étendit beaucoup dans l’Égypte. »

[1] Les récabites subsistaient encore[2] ; ils faisaient vœu de ne jamais boire de vin ; et c’est peut-être à leur exemple que Mahomet défendit cette liqueur à ses musulmans.

Les hérodiens regardaient Hérode premier du nom comme un messie, un envoyé de Dieu, qui avait rebâti le temple. Il est évident que les Juifs célébraient sa fête à Rome du temps de Néron, témoin les vers de Perse : Herodis venere dies, etc. (Sat. v, v. 180.)

Voici le jour d’ Hérode où tout infâme Juif
Fait fumer sa lanterne avec l’huile ou le suif.

Les disciples de Jean-Baptiste s’étendirent un peu en Égypte, mais principalement dans la Syrie, dans l’Arabie, et vers le golfe Persique. On les connaît aujourd’hui sous le nom de chrétiens de saint Jean ; il y en eut aussi dans l’Asie Mineure. Il est dit dans les Actes des apôtres (chap. xix) que Paul en rencontra plusieurs à Éphèse ; il leur dit : « Avez-vous reçu le Saint-Esprit? » Ils lui répondirent : « Nous n’avons pas seulement ouï dire qu’il y ait un Saint-Esprit. » Il leur dit : « Quel baptême avez-vous donc reçu ? » Ils lui répondirent : « Le baptême de Jean. »

[3] Les véritables chrétiens cependant jetaient, comme on sait, les fondements de la seule religion véritable.

  1. Cet alinéa et le suivant n’existaient pas en 1701. (B.)
  2. Les récabites ou réchabites dataient de loin. Ils descendaient de Jonadab, fils de Réchab, ami de Jéhu. Ils avaient fait vœu de vivre sous des tentes, en nomades. Mais, au temps de l’invasion de Nabuchodonosor, ils s’étaient réfugiés à Jérusalem. (G. A.)
  3. Lorsque ce morceau était en 1764 dans le Dictionnaire philosophique, au lieu des deux alinéas qui suivent, on lisait :

    « Il y avait, dans les premières années qui suivirent la mort de Jésus, sept sociétés ou sectes différentes chez les Juifs : les pharisiens, les saducéens, les esséniens, les judaïtes, les thérapeutes, les disciples de Jean, et les disciples de Christ, dont Dieu conduisait le petit troupeau dans les sentiers inconnus à la sagesse humaine.

    « Les fidèles eurent le nom de chrétiens dans Antioche vers l’année 60 de notre ère vulgaire ; mais ils furent connus dans l’empire romain, comme nous le verrons dans la suite, sous d’autres noms. Ils ne se distinguaient auparavant que par le nom de frères, de saints ou de fidèles. Dieu, qui était descendu, etc. » (B.)