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ÉPREUVE.

reçues. Cette manière de juger les hommes est si ancienne qu’on la trouve établie chez les Juifs dans tous les temps.

Coré, Dathan et Abiron disputent le pontificat au grand-prêtre Aaron dans le désert ; Moïse leur ordonne d’apporter deux cent cinquante encensoirs et leur dit que Dieu choisira entre leurs encensoirs, et celui d’Aaron. À peine les révoltés eurent paru pour soutenir cette épreuve qu’ils furent engloutis dans la terre, et que le feu du ciel frappa deux cent cinquante de leurs principaux adhérents[1] ; après quoi le Seigneur fit encore mourir quatorze mille sept cents hommes du parti, La querelle n’en continua pas moins entre les chefs d’Israël et Aaron pour le sacerdoce. On se servit alors de l’épreuve des verges : chacun présenta sa verge, et celle d’Aaron fut la seule qui fleurit.

Quand le peuple de Dieu eut fait tomber les murs de Jéricho au son des trompettes, il fut vaincu par les habitants du village de Haï. Cette défaite ne parut pas naturelle à Josué ; il consulta le Seigneur, qui lui répondit qu’Israël avait péché, que quelqu’un s’était approprié une part de ce qui était dévoué à l’anathème dans Jéricho. En effet, tout le butin avait dû être brûlé avec les hommes, les femmes, les enfants, et les bêtes ; et quiconque avait sauvé ou emporté quelque chose devait être exterminé[2]. Josué, pour découvrir le coupable, soumit toutes les tribus à l’épreuve du sort. Il tomba d’abord sur la tribu de Juda, ensuite sur la famille de Zaré, puis sur la maison où demeurait Zabdi, et enfin sur le petit-fils de Zabdi, nommé Achan.

L’Écriture n’explique pas comment ces tribus errantes avaient alors des maisons ; elle ne dit pas non plus de quel sort on se servait ; mais il est certain, par le texte, qu’Achan étant convaincu de s’être approprié une petite lame d’or, un manteau d’écarlate, et deux cents sicles d’argent, fut brûlé avec ses fils, ses brebis, ses bœufs, ses ânes, et sa tente même, dans la vallée d’Achor.

La terre promise fut partagée au sort[3]. On tirait au sorties deux boucs d’expiation pour savoir lequel des deux serait offert en sacrifice[4], tandis qu’on enverrait l’autre au désert.

Quand il fallut élire Saül pour roi[5], on consulta le sort, qui désigna d’abord la tribu de Benjamin, la famille de Métri dans cette tribu, et ensuite Saül, fils de Cis, dans la famille de Métri.

  1. Nombres, chapitre xvi. (Note de Voltaire.)
  2. Josué, chapitre vii. (Id.)
  3. Josué, chap. xiv. (Id.)
  4. Lévit., chapitre xvi. (Id.)
  5. Livre I des Rois, chapitre x. (Id.)