Je t’ai blessé ? Qui, moi ?
Contentez votre envie ;
Achevez de m’ôter une importune vie ;
Seigneur, que votre bras, que les dieux ont trompé,
Verse un reste de sang qui vous est échappé ;
Et puisqu’il vous souvient de ce sentier funeste
Où mon roi…
J’ai tout fait, je le vois, c’en est assez. Ô dieux !
Enfin après quatre ans vous dessillez mes yeux.
Hélas ! Il est donc vrai !
Attaqua vers Daulis en cet étroit passage !
Oui, c’est toi : vainement je cherche à m’abuser ;
Tout parle contre moi, tout sert à m’accuser ;
Et mon œil étonné ne peut te méconnaître.
Il est vrai, sous vos coups j’ai vu tomber mon maître ;
Vous avez fait le crime, et j’en fus soupçonné ;
J’ai vécu dans les fers, et vous avez régné.
Va, bientôt à mon tour je me rendrai justice ;
Va, laisse-moi du moins le soin de mon supplice :
Laisse-moi, sauve-moi de l’affront douloureux
De voir un innocent que j’ai fait malheureux.
Scène III.
Jocaste… car enfin la fortune jalouse
M’interdit à jamais le tendre nom d’épouse ;
Vous voyez mes forfaits : libre de votre foi,
Frappez, délivrez-vous de l’horreur d’être à moi.