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130 FRAGMENTS T)" ARTK.MIRE.

ARTÉMIUE (lit ; .

Cassaiulre à PaUante, (c Je reviens triompliant au sein de mon empire ; Je laisse sous mes lois les Locriens soumis ; Et voulant me venger de tous mes ennemis, J’attends de votre main la tête d’Artémire. » Ainsi donc mon destin se consomme aujourd’hui ! Je n’attendais pas moins d’un ôpoux tel que lui. Pallante, c’est à vous qu’il demande ma tête ; Nous êtes maître ici, votre victime est prête. Vous l’attendez sans doute, et cet ordre si doux Ainsi que pour Cassandre a des charmes pour aous,

PALLANTE.

Voulez-vous vivre encore, et régner ?

ARTÉMIUE.

Ail ! seigneur, Quelle pitié pour moi peut touclier votre cœur ? Je vous l’ai déjà dit, prenez votre victime. Mais ne puis-je en mourant vous demander mon crime Et pour([noi de mon sang votre maître altéré Frappe aujourd’hui ce coup si longtemps dilleré ?

PALLANTE.

Pour l’indigne instrument de ses assassinais.

ARTÉMIRE.

Vous me connaissez mal, et mon àiiie est surprise

Bien moins de mon trépas que de votre entreprise.

Permettez qu’Artémire, en ces derniers moments,

Vous découvre son cœur et ses vrais sentiments.

Si mes yeux, occupés à pleurer ma misère,

Ne voyaient dans le roi que l’assassin d’un père ;

Si j’écoutais son crime et nu)n coMir irrité,

Cassandre périrait, il l’a ti’op mérité :

Mais il est mon époux, ([U()i<[ue indigne de l’être ;

Le ciel ([ui me poursuit me l’a donné pour mailre :

Je connais mon devoir, et sais ce (|ue je doi

Aux nœuds inforliinés (pii l’unissent à moi.

Qu’à son gré dans mon sang il éteigne sa rage ;

Des dieux, par lui l)ra\és, il est pour moi l’image ;

Je n’accepterai point le hras que vous m’ollrez :

Jl peut trancher mes jours, les siens me sont sacrés ;